samedi 4 janvier 2014

Mon lit, le sommeil, et moi.

J'ai toujours eu une relation compliquée avec le sommeil. Enfant, déjà, j'avais peur de m'endormir et de ne plus jamais me réveiller. C'est ainsi qu'à huit ans, une nuit sur deux environ, à deux heures du matin, j'allais déranger mon père qui somnolait devant un quelconque documentaire, pour lui demander un verre d'eau ou simplement signaler que je n'arrivais pas à dormir.
J'aime dormir, ne te méprends pas. J'adore être enroulée, momifiée dans mille couvertures, couettes et autres plaids. Je crois simplement que le sommeil et moi n'avons jamais réussi à nous entendre comme il le faudrait dans n'importe quelle histoire d'amour saine. Quelques instants avant d'aller me coucher, je me sens prête à fondre dans le canapé, la chaise ou tout autre objet qui supporte mon corps avachi, et pourtant, à peine dans mon lit, vêtue d'un de mes dix-huit doux pantalons de pyjama, à peine ma tête se pose-t-elle avec délectation sur l'oreiller, mon cerveau en profite pour se remettre en marche. Et ce con est impossible à faire taire. Imagine à huit ans, ton cerveau te dire "et si tu étais en train de mourir et que toute ta vie n'était que ton rêve de vieille personne sur le point de s'en aller ?", "et si tu mourrais dans ton sommeil alors que tu n'as pas réalisé un millième de ce dont tu rêves ?", "et si on se repassait ensemble les pire moments de ta vie ? non ? pourquoi pas ? allez je le fais quand même", ou encore "j'ai faim", "tu as révisé pour le devoir de demain que je viens à l'instant d'inventer juste parce que c'est drôle" ? 
En fait, le sommeil n'a jamais été là pour moi quand j'aurais eu besoin de lui. C'est pour cela que j'ose le comparer à un amant ou à un amoureux. Toujours présent aux moments les plus importuns : en cours, en devoir, dans la rue, à la bibliothèque. Sans que ce soit excitant comme une surprise d'amoureux. Il y a juste la gêne, les regards des gens et le temps perdu. 
Mais le problème, c'est qu'on ne peut pas rompre avec le sommeil. On peut, au mieux, lui en vouloir, le bouder pendant quelques nuits, mais il finit toujours par revenir et heureusement, car mourir d'épuisement ne doit pas être très réjouissant. 
Toujours est-il que ma relation avec lui est à la fois paradoxale et controversée : j'ai besoin de lui, il n'a pas spécialement besoin de moi, mais finit toujours par se rappeler que j'existe après m'avoir parfois snobée beaucoup trop longtemps, tout ça parce qu'il est jaloux de la relation de mon cerveau avec les pensées morbides et absurdes et de celle de mon imagination avec internet. 

Je voulais juste dire, pour finir : sommeil, si tu me promets de m'être fidèle et assidu, je ferai des efforts. Je le jure. Je t'aime, reviens moi stp.

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