jeudi 23 janvier 2014

Non, être surdoué ce n'est pas "sympa" et je n'en suis pas fière.

NOTA BENE : Ce que j'écris dans cet article ne prétend pas être exhaustif, ni juste, ni s'appliquer à tout le monde. Je parle de la manière dont je ressens ma douance au quotidien, ajoutée à tous mes autres petits troubles psychologiques sympa (qui ne sont pas des auto-diagnostics mais des avis de professionnels). J'écris ceci sous le coup de la colère : je grossis sans doute certains traits et c'est probablement très confus. Je m'en excuse, mais quelque part il va falloir t'y habituer, lecteur, si tu veux que cette relation qui est la nôtre continue sereinement (non je déconne je n'aurai jamais de relation sereine, tkt, bisous)

Alors voilà.
Il est temps de hurler une fois pour toutes à la fin du monde : non, être surdoué, être zèbre, être un enfant précoce, ça n'a rien de facile.
D'abord, parce qu'on s'interdit de se déclarer en tant que tel, en tout cas je l'ai fait pendant plus de 10 ans, finissant par réussir à me persuader moi-même que j'étais normale. De peur que les gens jugent. Parce que oui, dire qu'on a un QI très élevé (beaucoup trop), ça fait poseur, ça fait vantard, ça fait supérieur. Ou qui se pense supérieur. 
Non, je ne me pense pas supérieure. Non, je ne suis pas fière d'être zèbre. Non, je ne suis pas heureuse de l'être. Mais je le suis. C'est scientifique, c'est aussi vérifié que la dépression. C'est quelque chose de réel. Non, je ne suis pas une mythomane avide de rabaisser les autres.

Premièrement, avoir un QI supérieur (en général largement supérieur) à la moyenne (on parle de Douance lorsqu'on a un QI de plus de 130, alors que la moyenne est de 85 à 115) ne veut pas nécessairement dire qu'on est plus intelligent. L'intelligence ne se mesure pas qu'au QI, mais aussi à l'ouverture d'esprit, à la capacité à apprendre, à la curiosité, à la volonté d'augmenter sa culture et à mille autres choses. Le QI ne mesure pas l'intelligence mais le potentiel et le développement des capacités intellectuelles. Un surdoué va penser différemment d'une personne "normale", c'est clair. La plupart d'entre nous (je m'inclus dans le groupe, mais je ne fais pas de généralité : chaque personne est différente) ont une pensée arborescente : chaque étape de la pensée, chaque idée, va faire bourgeonner et grandir toute une nouvelle gamme d'autres idées qui elles même s'étendent en d'autres idées etc. C'est un bordel sans nom, et cela m'a fait manquer de rigueur jusqu'à maintenant et m'oblige à faire beaucoup plus d'effort que quelqu'un avec une pensée non arborescente pour avoir un raisonnement cohérent, synthétique, et qui se tient. Sans parler du fait qu'on dit souvent que le surdoué est 'trop intelligent pour être heureux'. Ça n'y est pas pour rien dans mes insomnies. Ça n'y est pas pour rien dans le fait qu'à l'âge où je parlais à peine je posais déjà des questions sur la mort et je faisais des cauchemars éveillés et des crises d'angoisse en pensant que j'allais aller en enfer (j'ai eu un genre de crise mystique à 10 ans, j'ai lu la bible et tous les bouquins catholiques que j'ai pu trouver, et je me considérais comme un horrible monstre. Mon rapport avec la religion a toujours été compliqué disons). 

Deuxièmement, être "zèbre", ce n'est pas seulement une question de QI. C'est aussi toute une gamme de conséquences plus ou moins sympa qu'il faut supporter au quotidien. Personnellement, je suis atteinte du syndrome dit "du monde intense" aussi appelé "Désintégration positive", théorisé par un certain Kazimierz Dabrowski vers le milieu du 20ème siècle. La notion principale de ce syndrome est en fait ce qu'il appelle "l'hyperstimulabilité" qui se décline en cinq sortes.
- L'hyperstimulabilité émotionnelle, qui, en gros, se manifeste par une hyperémotivité et une hyperempathie parfois handicapantes, d'autant plus qu'elles ont souvent des effets physiques : serrement de coeur, noeuds dans le ventre, coeur battant, mains moites, rougissements et tics nerveux en sont les principales manifestations. Une personne émotionnellement hyperstimulable ressent les émotions de la vie courante bien plus fort que n'importe qui d'autre. À cela s'ajoute un attachement fort et rapide aux gens, aux lieux, aux objets et aux animaux et parfois une grande difficulté à s'adapter au changement lorsque celui ci doit être définitif, mais aussi une manifestation très bruyante et démonstrative de ces émotions : euphorie, inhibition, extase, humour, culpabilité, honte, mémoire affective, préoccupations à propos de la mort, et enfin humeurs dépressives et suicidaires, le tout à un niveau difficilement supportable pour la personne concernée mais aussi pour l'entourage. Sans parler des dialogues internes très violents et de l'autocritique virulente dont on fait parfois montre.
- L'hyperstimulabilité intellectuelle : qu'on pourrait résumer par "une forte tendance à vouloir tout savoir, tout comprendre, et surtout à se compliquer la vie". Elle se manifeste par une lecture avide, une volonté d'avoir des connaissances dans tous les domaines quitte à ce qu'elles soient superficielles, à une grande détresse en cas d'incompréhension ou de chose inexplicable, une tendance aux questionnements profonds, à s'occuper le cerveau en faisant des choses inutiles (compter ses cheveux, le nombre de pavés, lire à l'envers, s'inventer et résoudre des énigmes, etc.), une tendance à tout surinterpréter (particulièrement le comportement d'autrui), à créer et consommer des théories, à affirmer une pensée indépendante, à des interrogations morales et à l'introspection. Je vous laisse imaginer comment c'est le bordel quotidien dans ma tête et pourquoi je ne dors pas. 
- L'hyperstimulabilité imaginative, qui est, pour moi, la plus agréable à vivre. Il s'agit tout bonnement de vivre dans son monde (oui, un peu comme les autistes, sans la difficulté à communiquer), à s'inventer des univers, des religions, à mystifier et magnifier les choses, à se perdre dans des rêveries tellement élaborées qu'elles peuvent prendre le pas sur tout le reste. C'est aussi manifeste par une utilisation plus qu'abusive des métaphores et images afin de pouvoir tout visualiser (même les idées et systèmes les plus complexes), mais aussi parfois à une difficulté à se concentrer sur les choses concrètes et importantes, ainsi qu'à distinguer la réalité du rêve et de la fiction (crédulité, si tu me lis). On en revient à la pensée arborescente, aux associations d'idées et aux analogies qui peuvent parfois sembler n'avoir pas lieu d'être. 
- L'hyperstimulabilité sensorielle. C'est là que ça va devenir intime, et presque gênant, mais yala comme dit M.I.A. D'abord, l'hyperstimulabilité sensorielle se manifeste par des sens très développés : une sensibilité extrême aux sons aigus, répétitifs, réguliers, désagréables, au brouhaha, aux gens qui parlent fort, aux conversations avec beaucoup de monde, aux grincements, aux bruits du papier mais aussi parfois (et c'est mon cas) de sa propre respiration (et ça peut être agréable parfois comme absolument invivable à d'autres moments), où au fait de s'entendre mâcher (sans parler des bruits plus ou moins sympa qu'on entend tous les jours y compris dans les moments les plus intimes). Des yeux très sensibles aussi, à la lumière, aux courants d'air, à la poussière, à la fumée, aux intempéries, à la sécheresse, aux couleurs trop vives, aux images trop rapides et aux effets spéciaux parfois. Le goût et l'odorat ont aussi leur lot de petits troubles quotidiens, comme par exemple remarquer instantanément les mauvaises odeur : transpiration, tabac froid, odeur de la maison quand on est parti quelques jours mais que d'autres gens sont venus, odeur d'une femme qui a ses règles (et oui, et je vous raconte même pas comment c'est quand j'ai les miennes), odeur de quelqu'un qui traîne dans une pièce longtemps après son départ, goûts exacerbés mais parfois impossibilité de manger si on a senti un arrière goût désagréable, dégoût facile. mais dans mon cas, c'est très certainement le toucher qui me pose le plus de problèmes (avec la vue) : j'ai tout simplement la sensation d'être écorchée vive : je ne supporte pas les vêtements qui grattent, même juste un peu, je peux aller jusqu'à faire des crises d'angoisse ou de larmes à cause de ça, j'ai déjà fait une crise de panique en essayant des chaussures dans un magasin parce qu'elles m'étaient trop petites, je ne supporte pas de porter une montre, de rester assise trop longtemps avec un collant, le moindre plis de mes chaussettes, j'ai beaucoup de mal à porter des gants, le contact avec des choses comme des craies, la peau de certains fruits, certains tissus, d'avoir les mains un peu humides, et je suis capable d'avoir une réaction extrêmement violente si quelqu'un me touche alors que je ne m'y attendais pas ou que je n'en ai pas envie. J'ai aussi une incapacité physique à supporter la chaleur : pour moi, au delà de 30°C (et encore), c'est le malaise assuré. C'est sans parler de la difficulté à supporter la foule que tu connais sûrement, lecteur. Ajoutons à cela une forte tendance à la boulimie (que dans ma cyclothymie je contrebalance par des phases anorexiques), aux achats compulsifs et à avoir une sexualité débridée (quitte à se dégoûter par la suite). Parfois aussi un besoin malsain et exacerbé d'attention.
- l'hyperstimulabilité psychomotrice : celle-ci se caractérise par l'activité corporelle. C'est à dire par une tendance à parler vite et fort (quitte à s'insupporter physiquement ensuite), une activité physique intense (sport, tendance à marcher très vite, à se mettre à courir sans raison, parfois à se mettre en colère physiquement sans raison pour évacuer la tension), un manque de patience et une pression à l'action (avec tendance à organiser et à prendre la tête des groupes). Mais aussi par une tendance compulsive et nerveuse à la parole et à la discussion, aux actions impulsives, aux habitudes nerveuses et aux TOCs, à l'insomnie ou à se coucher tard, à l'hyperactivité et à la difficulté de se concentrer longtemps (TDA/H : trouble de l'attention, hyperactivité). 

Attention toutefois, pas d'amalgames : tous les surdoués ne sont pas atteint de ceci, et tous les gens hyperstimulables ne sont pas surdoués. C'est simplement (malheureusement) mon cas. 
Autant vous dire que je ne vis pas et je ne perçois pas le monde comme quelqu'un d'autre. Ajoutez à ceci ma cyclothymie et mes diverses phobies, et je peux vous assurer qu'une simple journée routinière contient pour moi de nombreux obstacles. Je ne demande pas de comprendre, simplement de ne pas juger. 
Je ne me plains pas, il y a pire que moi et je le sais. Simplement, ceci explique cela, le monde extérieur est pour moi extrêmement pregnant et difficile à affronter, mais il est ma seule échappatoire au questionnement que je subis (en quelque sorte) constamment. Bien sûr, je ne peux pas en un seul article faire le tour de ma tête. Tu n'es pas mon psy, internet. 

Et pour finir, j'aimerais simplement te laisser un petit passage d'un article sur l'une des théories de Dabrowski, qui s'applique plutôt pas mal à mon cas, et surtout qui me donne un peu d'espoir. Et surtout, sois en certain, je ne suis ni heureuse ni fière d'être zèbre, mais c'est quelque chose que je vis au quotidien et que j'assume (maintenant), et ne t'inquiète pas, lecteur, je ne te soûlerai plus trop avec ça.

"Les surdoués exploitent et sont galvanisés par ce que Dabrowski appelle réalité théorique7). La réalité perçue par les sens (l'ici et maintenant de l'existence banale) n'est qu'une réalité (parmi d'autres). Les esprits exceptionnels accèdent naturellement à des niveaux plus puissants de fantasme, d'imagination et d'intuition. Dans ce milieu riche, ils résolvent des problèmes, découvrent de nouvelles perspectives et créent sur un niveau d'abstraction séparé du monde de la perception sensorielle directe. Pour ceux qui disposent de la sensibilité morale, d'immenses pouvoirs d'imagination, d'une riche vie affective, et d'un besoin absolu pour la recherche intellectuelle, cette réalité théorique est plus réelle, plus compréhensible et de plus d'importance que la réalité de la vie quotidienne. Dabrowski a écrit: « L'ajustement à ce “qui devrait être” est chez certains individus plus fort que leur ajustement à “ce qui est” ». Pour eux, le développement est modulé par l'interpénétration des expériences de désintégration et d'intégration, façonnant la fonction intellectuelle en la mettant en relation avec les émotions de plus haut niveau. Cela crée une structure intégrée de la conscience de haut niveau où la pensée et les ressentis s'associent et se co-déterminent. Une transformation de développement supplémentaire se produit lorsque l'intuition de haut niveau est activée et promue, créant une synthèse dynamique permanente de ce qui est directement ressenti de manière intuitive. Ce fonctionnement à plusieurs niveaux et cette dynamique de développement, bien que rare, est un processus évolutif naturel pour les individus surdoués."

mercredi 15 janvier 2014

L'être humain, ses mains, ses parties, son porno.

Je pense qu'il nous est tous déjà arrivé de regarder des images à caractère pornographique. Que ce soit sur internet, sur DVDs pour les plus accro, sur magazine pour les plus téméraires ou encore sur VHS pour ceux qui ont le plus d'expérience (je ne veux pas dire vieux, je ne trouve pas ça gentil ni respectueux). Si vous n'avez pas 16 ans, ou que vous avez plus mais que vous n'avez pas envie d'entendre parler de cela, surtout cliquez vite sur la petite croix en haut de l'onglet. Je ne vous en voudrai pas et nous pourrons continuer à faire comme si rien ne s'était passé, et notre relation restera inchangée et pure comme au premier jour.
Néanmoins, c'est en recherchant l'une de mes séquences de pornographie préférées (eh oui, ça existe) que j'ai réalisé le fossé présent entre les différents genres de porno, et entre certains d'entre eux et la réalité. 
Ce n'est pas un secret, l'industrie pornographique s'adresse en premier lieu aux hommes cis hétéros, de préférence occidentaux (même si pas que). Si vous ne le saviez pas (auquel cas je ne sais pas comment vous vivez votre vie sexuelle concrète, ou si vous n'êtes pas déjà mort de frustration et de l'impression d'être naze à côté de vos homologues "cinématographiques"), le porno n'est pas réaliste, loin, très loin de là. 
Heureusement pour nous, tous les femmes ne possèdent pas un corps en forme de sablier et des seins qui semblent ignorer les lois de la pesanteur, pas plus qu'un vagin et/ou un anus exstensible à l'infini. Nous n'avons pas tous une vulve lisse, fermée, bien rose et sans rien qui dépasse (moi la première), nous n'aimons pas toutes enfourner le pénis de notre partenaire (pour les hétérosexuelles, bisexuelles, pansexuelles ou sapiosexuelles parmi nous, bref toutes celles qui seraient amenées à s'ébattre follement avec une personne de sexe masculin, nécessairement consentante —et de préférence majeure, bien que j'aie un peu de mal à comprendre la loi à ce niveau : je suppose qu'il s'agit de la majorité sexuelle dont internet me dit qu'elle est fixée, en france, à 15 ans, et en général entre 15 et 18 ans en occident.) jusqu'à ce que celui-ci touche notre luette, ni nous faire prendre par huit mecs extrêmement bien membrés, ni nous faire frotter le clitoris comme on récure je ne sais quel objet. Certaines d'entre nous aiment certainement ça, d'autres non. Pas plus que, parmi celles qui préfèrent les filles, toutes n'aiment pas se faire prendre sauvagement avec un gode ceinture, s'enfoncer un talon aiguille dans leur intimité (j'ai réellement vu ça dans un film, je n'en suis toujours pas remise), ou qu'un homme s'invite à l'improviste durant leur petite partie de scrabble. M'y connaissant moins en ce qui concerne les garçons, qu'ils préférent les garçons ou les filles, je ne peux que supposer mais j'ose imaginer que ce n'est pas leur délire à tous que d'arroser le visage de leur partenaire de stupre, de leur prendre sauvagement les fesses, de les gifler en les traitant de petit(e) chien(ne) ou autres charmants noms d'oiseaux. Mais je peux me tromper. À vous, lecteurs de sexe masculin (que vous l'ayez eu de naissance ou que vous l'ayez adopté ensuite), ou même simplement de genre masculin, de me confirmer cela. 
Dans tous les cas, nous ne sommes pas tous comme les personnages de pornos, et heureusement (sinon il  n'y aurait pas assez de monstres à tentacules pour nous satisfaire tous). C'est normal d'avoir les petites lèvres du sexe qui dépassent, c'est normal d'avoir des vergetures, surtout après l'adolescence ou une grossesse pour les femmes (bien que les garçons ne soient pas épargnés par ces fameuses marques si sympathiques), c'est normal que nos seins aient tendance à s'enfuir sur les côtés quand nous sommes allongées, particulièrement s'ils ont un volume plutôt généreux, c'est normal de ne pas avoir un chibre de 30x5cm, d'avoir des poils, que parfois pendant les ébats chacun de son côté ait des appels d'air (parfois même entre les deux, entre nous c'est plus sympa d'en rire après ou pendant la suite de la fête que de se ronger les sangs dessus, d'autant qu'en général l'autre ne le remarque même pas), ou de ne pas avoir une coiffure parfaite et pas une goutte de sueur après l'acte. C'est normal
Le principe même des films non amateurs, c'est qu'ils sont réalisés, montés, truqués. Si vous ne tenez pas une heure avant d'éjaculer, ça n'a rien de grave. Si vous n'avez pas d'orgasme à chaque rapport, ça n'a rien de grave. Si vous mettez un coup de coude à l'autre en voulant changer maladroitement de position, ça n'a rien de grave et c'est même plutôt drôle (perso, étant une véritable petite savonnette, je passe mon temps à glisser d'un bout à l'autre du lit ou de n'importe quelle surface propice au sexe, en renversant tout sur mon passage de préférence), même si ça peut parfois faire mal. 
Ainsi donc, le porno n'est pas réaliste. C'est une chose qui est préparée, divisée en séquences, en scènes, souvent tournées sur plusieurs jours. Je ne dis pas que c'est mal d'en regarder. Seulement, n'oubliez pas ceci : le porno n'est pas la réalité, et personne, personne à part les cons ou les gens qui n'ont eu d'expérience qu'avec leur main ne peut vous demander de reproduire ceci. Et si c'est le cas, c'est à vous de les ramener dans le droit chemin en leur montrant que quand même, c'est mieux de le faire en vrai, parce que ben déjà c'est en vrai et ensuite c'est peut être moins parfait que du porno, mais au moins c'est authentique, maladroit, douloureux, touchant, et ça procure quand même souvent plus de plaisir à l'un comme à l'autre. 

Comme bonnes alternatives au porno destiné au mâle lambda, il peut être intéressant de regarder du côté des pornos féministes ou réalisés par des femmes (c'est parfois la même chose d'ailleurs). Oui, même vous messieurs, ça vous fera du bien de vous rappeler que vous n'êtes pas des machines et que si vous ne tenez pas deux heures par rapport, personne ne s'en plaindra (y'a peut être même des chances que ce soit le contraire, parce que oui, au bout d'un certain temps de pénétration l'autre aussi a mal. En tout cas je connais beaucoup de filles qui trouvent parfois le temps long. Donc en terme de temps, ne complexez pas, sauf si vous êtes réellement un éjaculateur précoce, auquel cas allez consulter un sexologue ou autre médecin spécialisé de ce genre de problème au lieu de ruminer vos angoisses). 
Personnellement, j'aime beaucoup Mia Engberg et toute sa clique, ainsi qu'Erika Lust (une réalisatrice suédoise qui a réalisé 5 hot stories for her (mais qui, j'en suis certaine, conviennent tout aussi bien aux mâles virils que vous êtes certainement, et qui contient (si mes souvenirs sont exacts) non seulement des scènes hétéro, homo masculin, mais aussi ce que je considère personnellement comme l'une des scènes de sexe lesbien les plus érotiques et excitantes qu'il m'aient été données de voir (c'est dans "Something About Nadia" si vous voulez absolument aller voir là tout de suite maintenant).

En tout cas, amusez vous. Tant que vous ne faites pas quelque chose d'illégal, ne vous posez pas de limite : faites ce que vous voulez avec des personnes qui vous respectent (sauf peut être dans le cas de jeux de rôles etc. mais bon vous faites bien ce que vous voulez), et surtout n'oubliez pas que le porno, c'est bien quand on est tranquillement seul sous sa couette en pyjama de pilou.

Et surtout, n'oubliez pas de vous protéger (avec les moyens adéquats et adaptés à votre situation : préservatif masculin ou féminin, pilule contraceptive, stérilet, abstinence, friendzone), et de vous faire dépister régulièrement. Certes la recherche de traitements et vaccins contre le SIDA avance, mais il ne faut pas crier victoire trop tôt. 

PS : oui, je suis passée au vouvoiement pour cet article un peu plus sérieux, et surtout pour que tu aies l'impression qu'une personne sensuelle et très chic te parle, possible lecteur. Ne t'inquiète pas, cette distance fictive entre nous sera rapidement balayée. Dès le prochain article, en fait.

dimanche 12 janvier 2014

le jour où j'ai arrêté de chercher l'amour.

On dit toujours qu'une personne sans amour c'est comme une fleur sans soleil. Je ne suis pas d'accord. mais alors pas d'accord du tout. Déjà, parce que pour pouvoir aimer l'autre, il faut pouvoir s'aimer soi-même. Au moins un peu.
Et je suis fatiguée de tous ces gens qui passent leur vie à me demander "alors les amours ?" pas parce que je suis frustrée de ne pas avoir d'amoureux ou d'amoureuse : plutôt parce qu'on a l'impression que tout tourne autour de ça. L'image de quelqu'un qui réussit sa vie est souvent celle de quelqu'un qui a quelqu'un, justement. Comme si c'était si important qu'il fallait absolument être en couple pour faire bien. Toute cette mythologie autour de l'amour, ça m'agace. Certes, être amoureux, être avec la personne qu'on aime, c'est bien, c'est agréable etc. Mais être seul peut être très bien aussi. Déjà si, comme moi, vous aimez prendre du temps où vous ne parlez à personne, ou vous ne voyez personne, où on vous fout la paix, où vous pouvez un peu vous morfondre sur votre personne sans qu'il y ait quelqu'un pour vous réconforter à grand coups d'amour. 
J'aime être seule, oui, je l'avoue. J'ai arrêté de chercher l'amour il y a très longtemps. Après ma première rupture en fait. Elle m'avait plaqué d'une manière peu recommandable, et j'avais compris que nous n'avions jamais été amoureuses. Que nous nous étions mis ensemble pour être avec quelqu'un, ce qui est d'une stupidité sans borne. Alors depuis ce jour j'ai arrêté de chercher. L'amour, c'est comme les champignons. Et puis, parfois, ça te tombe dessus sans prévenir, généralement quand tu as totalement autre chose en tête. Ça peut paraître bateau, mais c'est comme ça.
Moi, je suis très bien toute seule. Personne ne critique ce que je mange, ce que je porte, comment je me coiffe, etc.

Et puis, j'ai l'avantage non négligeable d'avoir mille nouveaux crushes à l'heure sans culpabiliser. C'est pouvoir dormir (et pas que) avec plein de gens différents, parce que franchement, si y'a un truc qui me pèse dans le célibat, c'est de dormir toute seule. Le reste, je m'en fous. Je peux aller au cinéma seule, aller au resto seule, aller boire un verre seule, regarder des films seule et j'en passe.
Je ne suis pas contre le fait d'être en couple (loin de là), je suis juste contre le fait d'être en couple pour être en couple. Et aussi contre celui de chercher l'amour comme si c'était la seule chose qui importait. Alors qu'il y a tellement d'autres choses importantes, à commencer par s'accepter tel qu'on est, et il est clair que ce n'est pas en étant avec quelqu'un que ces problèmes vont s'arranger. 

Rappelle toi de ça, potentiel lecteur : ton bonheur ne doit pas dépendre de quelqu'un d'autre. Il passe par les autres, peut être, certes, mais c'est avant tout toi qui le construis, alors ne laisse pas à autrui la possibilité de tout foutre en l'air.

La virilité, la féminité : kézako ?

Deux des grands mystères de la vie que je n'ai toujours pas réussi à comprendre et encore moins à résoudre sont les suivants : qu'est-ce que la féminité, qu'est-ce que la virilité ?
Il est clair que les normes sociales voudraient, du moins me semble-t-il, qu'un homme viril soit un gros macho à barbe/moustache/poils de torse qui dépassent de la chemise et plein de muscles, qui ne prend pas soin de lui autrement qu'en allant à la salle de sport. Une femme féminine serait, elle, une demoiselle en talons hauts, jupe crayon, avec les cheveux longs et le visage peinturluré, qui aime le shopping, ses copines, aller chez le coiffeur, et le shopping aussi tiens. 
Personnellement, j'ai une obsession maladive pour les cosmétiques, qui font partie intégrante de ma vie, et je porte assez souvent des échasses aux pieds. Cependant, je ne pense pas être "féminine" dans ce sens là, et je ne cherche clairement pas à l'être. Pour moi, la féminité ou la virilité sont deux choses assez floues qui se traduisent surtout par le comportement que l'individu adopte au pieu, et quelques autres attitudes auxquelles je ne fais pas réellement attention. 
Disons que ce n'est pas très clair. N'a-t-on pas suffisamment évolué pour se dégager des carcans genrés dont on nous affuble ? Je trouve que les simples mots de virilité et de féminité sont terriblement obsolètes dans un cadre tel qu'il est aujourd'hui : il serait temps d'arrêter de considérer que nos rôles sont déterminés par le genre, de laisser les gens faire ce qu'ils veulent. Qu'un garçon avec du vernis à ongles ne soit pas jugé, qu'une fille avec un baggy et un sidecut ne soit pas immédiatement cataloguée comme "lesbienne butch". 
Je sais pas vous, mais j'en ai marre d'être toujours obligée de surveiller ce que je fais. On m'a dit récemment que la manière dont je m'habille est très paradoxale par rapport à ma manière de m'exprimer. Il m'arrive, pour me protéger et pour me cacher derrière un personnage, de parler fort, d'être assez agressive, de me jeter à la tête des gens. Et comme je porte des petites jupes et des pulls roses, forcément, ça fait bizarre aux gens. Pourquoi ? Pourquoi devrait-on paraître ce qu'on est réellement ? 
On comprend forcément mieux mon style quand on sait comme je suis vraiment : introvertie, solitaire, fragile et peu sûre de moi. Cependant là n'est pas la question. Je digresse, comme d'habitude, désolée lecteur. La question est la suivante : qu'est-ce qu'être viril ? Qu'est-ce qu'être féminin ? Est-ce qu'un homme peut être féminin sans passer pour "une tapette" ? Est-ce qu'une femme peut être virile sans être un garçon manqué ? 

Bientôt, avec l'aide d'un twitto fort sympathique, nous tâcherons de nous diriger vers une réponse à cette question, en utilisant nos petites cellules grises beaucoup trop sollicitées.

jeudi 9 janvier 2014

The perks of being a (part-time) insomniac.

Bonjour. Bonsoir. Bonne nuit. A vrai dire je ne sais pas.
Sans raison aucune, du moins à vue de nez, mon cerveau m'a encore fait un coup de pression cette nuit. Je t'explique vaguement le contexte : ce matin, à 8h, j'avais mon IELTS, qui est un test d'anglais international. Ayant environ 45 minutes de trajet il fallait me lever vers 6h pour arriver à l'heure. J'ai donc décidé de me coucher tôt. Et puis :
- à 22h50 je me suis dit que ce serait une bonne idée de prendre une bonne douche
- à 23h15 j'ai commencé une conversation par texto.
- à 23h45 je me suis remise à tweeter.
- à 00h20 j'ai décidé qu'il fallait que je dorme, j'ai fermé l'ordi et mis de côté le portable.
- à 1h environ j'ai senti comme un flux d'énergie dans tout mon corps, n'ayant pas réussi à fermer l'oeil.
- à 1h12 exactement j'ai commencé à regarder des vidéos drôles, stupides, très stupides, puis nazes, puis très nazes.
- vers 2h j'ai à nouveau décidé de dormir. Sauf que non.
et ainsi de suite, jusqu'à ce que vers 3h30, réalisant que dormir deux heures et demies ne suffirait pas, que de toute façon j'étais pas prête de me faire spooner par Morphée, j'ai décidé qu'il valait mieux ne pas dormir (je fais partie de ces gens qui supportent mieux la nuit blanche que dormir 2h, et surtout j'avais horriblement peur de m'endormir vraiment et de ne pas me réveiller à l'heure). S'ensuit le cycle infernal : euphorie, aigreur, fatigue, regain d'énergie, euphorie, ébriété (sans alcool), baisse d'intelligence (heureusement, j'avais un compagnon de galère en la personne de l'un de mes colocs, insomniaque de son état). 

Ça fait maintenant environ 28 heures que je n'ai pas dormi. Mes yeux me brûlent doucement, mon corps entier est aussi distendu et contracté (paradoxalement) qu'un malabar qu'on a en bouche depuis deux heures, ma tête est remplie de plein de petites chenilles urticantes, je n'arrive pas à fixer mon regard et je suis extrêmement irritable. Sans parler du fait que je sens absolument toutes les articulations de mon corps. 
Je ne me plains pas, il y a pire, j'ai connu pire, d'autres connaissent bien pire tous les jours. Mais bon, quand même. Fait chier. Je suis l'être entre le néant et la nausée. 
Je devrais être habituée pourtant, mais à chaque fois je redécouvre ces petites joies de l'insomnie. Par exemple voir le monde en flou, en quadruple, avec des halos partout autour de ce qui émet une vague lumière, des points noirs devant les yeux, avec en bande sonore des bruits qui d'ordinaire ne dérangent pas, mais avec le volume réglé sur "dix puissance huit bilions de décibels". Moi qui ai déjà le syndrome du monde intense. 

Mais ce n'est pas ça qui est intéressant. Ce qui est intéressant, c'est le duel qui se livre à l'intérieur de ma tête, entre l'euphorie d'une drogue dure (enfin je suppose) et l'aigreur et la misanthropie d'un salaryman fatigué de son boulot alimentaire. Comme je ne supporte rien aujourd'hui, j'ai pris l'expression au pied de la lettre et je me suis fait cuire deux oeufs sur le plat. Je redécouvre tout d'un nouvel oeil, du bruit des touches du clavier de l'ordinateur jusqu'à l'odeur du beurre. Je redécouvre tout ça, avec des sens centuplés. 
Et je me demande si, quand même, le jeu n'en vaut pas la chandelle.

mardi 7 janvier 2014

Sexualité, bisexualité, pansexualité et le double tranchant de tout ça.

La sexualité se définit, selon mon Robert de 2002, par l'ensemble de ce qui satisfait les instincts sexuels, soit la libido. L'être humain a des instincts sexuels. Évidemment. Comme les animaux que nous sommes. Ma sexualité, ou plutôt, ma libido, est quelque peu... fluctuante. J'oscille sans cesse entre le dégoût pour le sexe et l'envie irrépressible de le pratiquer. Ce qui peut être légèrement embarrassant dans la vie de tous les jours. Je pratique le sexe de manière saine, indifférement (ou plutôt si, très différemment) avec les deux sexes. Dans aucun des deux cas je n'ai la moindre foutue idée de ce que je fais. Mon corps prend le contrôle, et mon cerveau ne peut alors que maugréer ou retenir toutes les choses désagréables qu'il faudra. 
A vrai dire, je n'ai expérimenté, du moins à ma connaissance, que des garçons et des filles qui s'assumaient comme tels et l'étaient depuis la naissance. Mais j'ai arrêté de me considérer comme bisexuelle quand j'ai réalisé que, bon dieu, je m'en fous en fait, que ce soit un garçon, une fille, une garçon devenu fille, une fille devenue garçon, un garçon qui s'habille en fille, une fille qui s'habille en garçon, une fille déguisée en cactus. Tout ça n'a pas d'importance pour moi. J'ai donc tapé, comme n'importe qui l'aurait fait, "pansexualité" dans ma barre de recherche google. 
Et voici donc ce que Wikipédia dit de la pansexualité : "(on utilise parfois le terme "omnisexualité) est une orientation sexuelle caractérisant des personnes potentiellement attirées sexuellement et/ou sentimentalement par d'autres personnes, indifféremment du sexe anatomique ou du genre de celles-ci." (je vous renvoie vers ceci pour en savoir plus, même si une bonne recherche google et la lecture de quelques sites autres peuvent sans doute plus vous éclairer) En terme de choix de partenaire, s'il faut tabler sur le genre, mon motto sera "i just don't care". 
Même si, peut-être parce que c'est plus simple, peut être parce que leur mentalité me plaît plus ou que sais-je encore, je me retrouve souvent fourrée avec des garçons, sans que ce soit réellement volontaire, mais sans que ça me dérange non plus. J'ai donc tapé la paume de ma main sur mon front : mais c'est bien sûr. Je suis pansexuelle. Ok, voilà qui est clair. Et maintenant vient une autre question : pourquoi ma libido joue-t-elle aux montagnes russes ? Est-ce à cause de mauvaises expériences ? Peut-être, j'en ai subi, du simple moment "oh-oh" au rapport non-consenti (allez, je vais le dire, oui, voilà, je le dis, au viol). 
Est-ce dû au fait que je suis "atteinte" du syndrome du monde intense, avec toute l'hypersensibilité et l'hyperstimulabilité qui va avec ? Le mélange des deux aurait donc cet effet ? Ça me paraît une bien piètre explication. Peut-être sont-ce encore une fois mes hormones qui me jouent un tour ? Mais passer du désert à la forêt tropicale en une journée semble un peu inquiétant si on parle de changements hormonaux. Mais le fait est que ma libido a le super-pouvoir de me déconcentrer. Et, entre nous, lecteur imaginaire, c'est assez CHIANT. 
Parce que soit je repense à ma dernière partie d'échecs, en ne retenant que les choses négatives qui auraient pu avoir lieu, même les plus minimes, et je me dégoûte donc moi-même de moi, du partenaire et de l'acte en lui-même (heureusement ça ne me fait pas ça par rapport à tout le monde, mais c'est tout de même le plus fréquent), soit j'y pense en devant me retenir de couiner sauvagement (ce qui ce passe en moi à ce moment là : "aaaarrrrghhhh mon corps me brûle argh je supporte aucune position vite je dois arracher mes vêtements vite quelqu'un pour du sexe par pitiééééé"), surtout si je suis dans un lieu public.

En bref, je pratique le sexe de manière saine et protégée (c'est important), j'aime beaucoup ça, je dors sans culotte, mais parfois mon esprit me joue des tours et je me retrouve à vomir mes tripes parce que j'ai un peu trop pensé en détail à ce à quoi ressemble réellement l'acte sexuel. Petite note pour moi même, aller voir un(e) sexologue, ou juste arrêter de se prendre la tête et accepter enfin que faire l'amour/baiser, c'est pas comme dans les films (damn you, hollywood).


dimanche 5 janvier 2014

La peur de l'échec, la solitude, et moi.

La peur de l'échec est quelque chose, je pense, que tu as déjà expérimenté, possible lecteur. En général, tu passes outre, et tu finis par réussir ce que tu avais entrepris.
Eh bien moi, quelquefois, la peur de l'échec m'empêche de faire des choses qui me tiennent à coeur. Ma peur de l'échec est fondée principalement sur une peur du futur, le fait de ne pas savoir savoir ce qui peut m'arriver me terrorisant au plus haut point. Lorsque je prends des décisions, soit le plus rarement possible, je le fais souvent à reculons. Je dois avoir l'air d'une nana passionnée comme ça, et c'est vrai, je suis parfois impulsive et inconséquente. Mais bien souvent je préfèrerais rester terrée au fond de mon lit plutôt que de devoir décider ce que je vais faire demain, après demain et tout le reste de ma vie, et travailler pour. Et plus que par paresse, c'est surtout par un immense manque de confiance en moi. Lorsque j'entreprends quelque chose, l'hypothèse que je vais rater lamentablement est celle qui prend le plus souvent le dessus dans mon imagination.
Comment te dire, invisible lecteur,  à quel point c'est RELOU. Je suis très douée pour donner des conseils aux autres, nous le sommes tous; mais réussir sa propre vie ça c'est une toute autre affaire. Et dans mon cas c'est un combat de tous les instants. Tout d'abord parce que je ne sais PAS ce que je veux faire de ma vie. Si je pouvais vivre dans une cabane au fond des bois et me nourrir de baies et d'internet, en dessinant (mal) et en écrivant (des trucs un peu pourris) ça m'irait parfaitement. Je fais des études de cinéma parce qu'à un moment dans ma vie c'est ce qui m'a paru le plus adapté à mon envie de création, de m'échapper etc. J'ai toujours au fond de moi cet amour immodéré de l'écriture et du théâtre, mais je suis incapable d'écrire quelque chose de plus de vingt pages. Je commence, j'arrête, je commence autre chose, je recommence, j'efface tout, bref je n'arrive que très rarement à quelque chose de consistant. J'entretiens ce rêve de nourrir l'imagination des gens avec ce qui sort de la mienne, secrètement, mais lorsqu'il faut vraiment s'y mettre, c'est l'angoisse de la page blanche. Ma tête est pleine de quêtes d'êtres étranges dans des décors post-apocalyptiques, d'animaux qui n'ont pas encore été inventés, de paysages aux couleurs psychédéliques, de personnages tous plus inhabituels les uns que les autres, mais impossible de faire sortir. J'essaie pourtant. Je songe à l'instant de félicité que ce serait si on me disait "votre manuscrit est génial, on l'édite, il sort dans deux semaines". Je suis un peu la version féminine de Walter Mitty. 
Mais au bout d'un moment tout finit par m'ennuyer. Je voudrais trouver un moyen pour voyager sans avoir à me soucier de toutes ces choses triviales et ennuyeuses que sont l'argent, les relations sociales, les distances et les frontières. Malheureusement ce n'est possible que dans ma tête. Mais heureusement que c'est au moins possible dans ma tête. 
Pour en revenir à la peur de l'échec. Il faut que je trouve un moyen pour passer outre, pour me jeter à l'eau, quitte à faire des erreurs, quitte à souffrir. J'ai déjà souffert, ça ne m'a pas tuée. Je vois pas pourquoi je continuerais pas. L'étranger, le futur, l'inconnu sont des choses à la fois fascinantes et terriblement effrayantes. Et je dois trouver un moyen pour m'élancer, au lieu de regarder de loin ce qui se passe.
C'est aussi un problème que j'ai quant aux relations sociales. Si tu as déjà peur de ce que tu ne connais pas, comment aller vers l'autre, que tu ne connais non seulement pas mais qui en plus est tout à fait hors de ton contrôle ? Tu ne peux pas, en effet. Et ce même manque de confiance en soi revient, comme dans une mauvaise blague. Je vais pourtant vers les gens, je fais même très bien semblant d'être extravertie. J'arrive même, parfois, rarement, à être drôle, voire sympathique. Mais ne comptez pas sur moi pour vous donner des nouvelles. Je ne donne pas de nouvelles, je m'en excuse. C'est surtout parce que je n'ai pas envie de t'embêter. Ça n'est pas contre toi. C'est très difficile d'entretenir des relations et d'exprimer son affection, non ? Si. En tout cas, pour moi. Et pour avoir fréquenté des gens pires que moi, j'imagine comme ça doit être gonflant. J'en suis désolée. Je fais ce que je peux. je m'améliore doucement. Un de ces quatre peut être j'arriverai à ne plus avoir peur de me faire rembarrer en allant vers l'autre. Je ne trouverai plus ça épuisant. En attendant, je fais des efforts et de temps en temps je me réfugie dans ma triste et confortable solitude. Ne sois pas triste pour moi, lecteur. Pour l'instant j'en ai besoin. Quant à demain, personne ne peut dire de quoi il sera fait. Tout ce que je peux te dire c'est qu'on va essayer de s'améliorer moi et moi-même, main dans la main, et de sauter à pieds joints dans l'inconnu sans oublier ce qu'on connaît déjà.

samedi 4 janvier 2014

Les débats, les étiquettes politiques et pourquoi vous ne m'aurez pas.

           La politique est quelque chose qui me fascine et m'effraie à la fois. Débattre de politique est à la fois immensément enrichissant et terriblement épuisant, surtout pour quelqu'un comme moi dont les opinions sont encore en train d'être débattues parmi les diverses parties de mon cerveau. Il y a des questions auxquelles il m'est impossible de répondre, des sujets sur lesquels m'avancer reviendrait à passer mille heures à décortiquer toutes les nuances pour finalement expliquer que je ne sais pas : Israël et la Palestine, la prostitution, l'alcool, etc. Parfois, cependant, j'ignore le panneau de danger rouge clignotant qui s'allume dans ma tête et je me lance néanmoins dans le débat. Et je me retrouve rapidement dépassée par mes propres paroles, tout bonnement parce que si mes organes faisaient la course, c'est certainement ma langue qui arriverait devant tous les autres, et le cerveau, dans ce genre de circonstances, bon dernier, et encore, prenant le temps de s'arrêter pour fumer une clope.
Ensuite, malgré des années passées à tenter de combler mes lacunes, il y a encore une infinité de choses que je ne sais pas, et étant une scanneuse, une double infinité de choses que je ne connais qu'en surface. Tu l'auras donc compris, invraisemblable lecteur, je suis l'exemple parfait de la personne qui peut commencer un débat mais pas l'approfondir, sauf cas très rare.
Qui plus est, j'ai souvent face aux choses une première réaction épidermique, qui a souvent beaucoup de mal à se transformer en quelque chose de plus distancié, surtout par rapport à tout domaine artistique connu, que ce soit le cinéma, la peinture, le dessin, la photographie, la musique, la littérature et j'en passe et des meilleures.

Alors certes, je sais en gros quelles sont mes positions : mon opinion sur à peu près tout se résumerait à ceci "il faudrait que les gens soient un peu moins cons". Je veux dire, je sais que je suis égalitariste, tout simplement parce que je trouve qu'il s'agit purement et simplement de bon sens. Pour moi il ne devrait pas y avoir de différence faite entre les gens sous des prétextes fumeux comme le genre, la religion, l'origine ethnique, le physique, la classe sociale ou encore la capacité à se déplacer où à utiliser son corps en général. Encore une fois je m'exprime assez mal, mais ce que je veux dire c'est : l'égalité ne devrait pas être qu'un concept flou. En gros. Le problème étant que parfois, sans m'en rendre compte, j'oublie ces belles paroles pour avoir des pensées dont j'ai honte ensuite. On m'a dit récemment que l'important était de s'en rendre compte et de ne pas recommencer, ce que je m'emploie évidemment à faire.

Mais je m'égare, pardon pour la digression. En gros, lorsque j'ai des positions politiques réellement claires et définies, ce qui est encore plus rare que le rhinocéros noir d'Afrique (qui s'est récemment éteint grâce à la connerie de l'homme), c'est parce que je trouve qu'elles relèvent du bon sens. Sinon, à part ces quelques idées claires et a priori bien ancrée dans mon esprit, pour le reste, je suis plutôt sans étiquette ou sans opinion, ce qui explique mon manque de participation lors des débats. En cas de discussion politique un peu vive sur un sujet par rapport auquel je ne suis pas sûre de mon opinion, je flotte quelque part entre l'ennui dû au désintérêt le plus total ou le "non mais moi je pense que ouais non mais en fait non."

Mais comme dirait une amie à moi, mon opinion par rapport à tout ceci et au monde et à la vie en général reste la suivante "s'il vous plaît il faut que tout le monde soit gentil avec tout le monde".

Mon lit, le sommeil, et moi.

J'ai toujours eu une relation compliquée avec le sommeil. Enfant, déjà, j'avais peur de m'endormir et de ne plus jamais me réveiller. C'est ainsi qu'à huit ans, une nuit sur deux environ, à deux heures du matin, j'allais déranger mon père qui somnolait devant un quelconque documentaire, pour lui demander un verre d'eau ou simplement signaler que je n'arrivais pas à dormir.
J'aime dormir, ne te méprends pas. J'adore être enroulée, momifiée dans mille couvertures, couettes et autres plaids. Je crois simplement que le sommeil et moi n'avons jamais réussi à nous entendre comme il le faudrait dans n'importe quelle histoire d'amour saine. Quelques instants avant d'aller me coucher, je me sens prête à fondre dans le canapé, la chaise ou tout autre objet qui supporte mon corps avachi, et pourtant, à peine dans mon lit, vêtue d'un de mes dix-huit doux pantalons de pyjama, à peine ma tête se pose-t-elle avec délectation sur l'oreiller, mon cerveau en profite pour se remettre en marche. Et ce con est impossible à faire taire. Imagine à huit ans, ton cerveau te dire "et si tu étais en train de mourir et que toute ta vie n'était que ton rêve de vieille personne sur le point de s'en aller ?", "et si tu mourrais dans ton sommeil alors que tu n'as pas réalisé un millième de ce dont tu rêves ?", "et si on se repassait ensemble les pire moments de ta vie ? non ? pourquoi pas ? allez je le fais quand même", ou encore "j'ai faim", "tu as révisé pour le devoir de demain que je viens à l'instant d'inventer juste parce que c'est drôle" ? 
En fait, le sommeil n'a jamais été là pour moi quand j'aurais eu besoin de lui. C'est pour cela que j'ose le comparer à un amant ou à un amoureux. Toujours présent aux moments les plus importuns : en cours, en devoir, dans la rue, à la bibliothèque. Sans que ce soit excitant comme une surprise d'amoureux. Il y a juste la gêne, les regards des gens et le temps perdu. 
Mais le problème, c'est qu'on ne peut pas rompre avec le sommeil. On peut, au mieux, lui en vouloir, le bouder pendant quelques nuits, mais il finit toujours par revenir et heureusement, car mourir d'épuisement ne doit pas être très réjouissant. 
Toujours est-il que ma relation avec lui est à la fois paradoxale et controversée : j'ai besoin de lui, il n'a pas spécialement besoin de moi, mais finit toujours par se rappeler que j'existe après m'avoir parfois snobée beaucoup trop longtemps, tout ça parce qu'il est jaloux de la relation de mon cerveau avec les pensées morbides et absurdes et de celle de mon imagination avec internet. 

Je voulais juste dire, pour finir : sommeil, si tu me promets de m'être fidèle et assidu, je ferai des efforts. Je le jure. Je t'aime, reviens moi stp.

Le pourquoi du comment.

Alors voilà. 
Je me retrouve devant mon ordinateur une fois de plus. Je ne peux décrire à quel point les soirées en tête à tête avec lui me font du bien tout en me laissant un goût amer de procrastination dans la bouche.
J'ai du mal à communiquer. Je suis le genre de personne qui parle beaucoup et qui ne dit pas grand chose. Sans doute parce que j'ai énormément à cacher. Il n'y a aucun pacte entre toi, hypothétique lecteur, et moi. Je ne te promets pas de te raconter la vérité, je ne te promets pas de dire quoi que ce soit d'intéressant, ni d'être assidue. En échange, tu n'as ni à me croire, ni à m'être fidèle, ni a apprécier mes élucubrations. Je ne te demande rien de tout cela. D'ailleurs, je me permets de te tutoyer car je vais tenter, je dis bien tenter de te toucher un peu, du bout du doigt, d'écran à écran. Rien ne dit que j'y arriverai. Rien n'est vraiment très clair dans ma tête, ni mes objectifs ni ce que je pense ni mes relations avec les autres. 
Si je fais cela aujourd'hui, à savoir me saisir de l'internet pour te prendre entre quatre yeux et t'ennuyer avec mes délires, c'est parce que je crois qu'il est temps pour moi d'apprendre à sortir de cette carapace de dérision que je me suis fabriqué au fil du temps. C'est parce qu'il est temps d'apprendre à parler avec des mots, avec n'importe qui comme avec le plus intime de mes amoureux. 
Vois-tu, lecteur, je ne te propose pas de te raconter chaque détail de ma vie, je ne crois pas que le fait que je mange en ce moment une assiette de riz bien trop salée t'intéresse. Je me propose à moi-même de m'obliger un peu à mettre des mots sur ce que je considère comme incommunicable. Et tu es libre de m'accompagner si tu le veux. Peut être que tu vas rire, être agacé, être ému, je n'en sais rien, on commence tout juste à se connaître. Je te prie par avance de m'excuser pour mon style ampoulé, mes tournures désuètes et mes phrases trop longues. Je ne sais pas exactement comment m'adresser à toi, j'ai un peu l'impression d'écrire un mail à quelqu'un d'important, l'identité du destinataire en moins. 
Cependant, si je ne t'ennuie pas trop, si nous nous entendons bien, nous pourrions bien nous enrichir l'un de l'autre, tout cela grâce au pouvoir d'internet.