mercredi 12 février 2014

Mes attentes irréalistes quant à l'amour.

L'amour, quand on l'a trouvé, c'est cool, c'est beau, c'est bon, c'est sain, ou rien de tout ça. Mais surtout, les gens se contentent souvent de ce qu'ils ont. En tout cas, s'ils sont amoureux, tout leur va, ou presque. Attention, je ne veux pas faire ici la description d'un romantisme unique et obligatoire, loin de là. Je sais que pour certain(e)s le romantisme c'est un dîner aux chandelles et un bain avec des pétales de roses, pour d'autres c'est manger des pizzas devant un vieux film, à moitié nu(e)s, ou pour d'autres encore faire tout bonnement une jolie promenade dans les feuilles mortes.
Bien. Et maintenant, je vais t'expliquer pourquoi je ne serai jamais satisfaite de mes histoires d'amour (à moins d'évoluer beaucoup).
Ce que j'attends d'une relation, ça peut paraître simple. Beaucoup de passion, des pleurs, des complications, beaucoup de bonheur, de sarcasme à deux, des chansons chantées à deux, des blanket forts, de longues conversations avec des lampes de poches sous la couette, renverser du thé et rire, beaucoup d'amour, et surtout, surtout, pas trop de réalité. Mon histoire d'amour idéale est un film. Un livre. Quelque chose ou on ne marche pas ensemble dans les couloirs puants du RER, ou le métro sent bon comme dans la partie cuivrée d'Arts et Métiers, où quand on a les cheveux mouillés ils ondulent gentiment et ne nous font pas ressembler à des vieux rats d'égoût, où on peut se goinfrer de saucisson et de fromage sans avoir l'haleine et les boutons qui vont avec, où on pourrait partir en voiture non-polluante se baigner dans des étangs idylliques sans vase et sangsues au fond, où on serait indépendants, libres, où on pourrait disparaître deux semaines dans un cabanon dans un fjord sans avoir de problème d'argent et sans alerter personne. En fait, ce qui m'énerve dans l'amour, c'est la réalité de la chose. J'adore le concept, vraiment. Ce qui me gêne dans la vie, en général, c'est la réalité. Je rêve d'une histoire d'amour qui ressemblerait à une chanson des Kooks (Young folks par exemple), à un bouquin de John Green (sans cancer incurable si possible), à une page tumblr, à un film de Wes Anderson, avec le filtre à la instagram dessus, aussi, s'il faut, c'est peut être même encore mieux.
J'en ai marre d'être une humaine triviale qui doit sans cesse faire attention parce qu'il y a tellement de risques de ruiner un beau moment (une phrase mal placée ou prononcée, une coulée de morve sous le nez, un fond de teint mal étalé, un pet, etc.) Et si ça ne gâche pas pour l'autre, l'image du moment est ruinée à tout jamais dans ma tête.
Je suis le genre de personne qui, si elle remarque le plus petit bouton sur le visage de l'autre, va psychoter dessus toute la soirée. Je me sens souvent superficielle, mais je crois qu'en fin de compte je suis juste irréaliste et assez peu lucide. Mon homme idéal (comme je l'ai déjà expliqué, j'ai plus tendance à avoir des histoires avec des garçons, question d'affinité et de facilité sans doute), c'est un peu Augustus Waters (très franchement, même avec la jambe qui manque, je m'en fous un peu de ça, par contre), avec le flegme anglais de Dan(isnotonfire) et la voix de Tom Odell, la poésie décalée des Smiths, et surtout, surtout, pas trop humain, pas trop trivial, pas trop réel ou accessible. Dès qu'on rentre dans l'ordre de l'intime tout (sa manière de mâcher, sa manière de se curer le nez, sa manière de se rhabiller, de se raser, ses poils) peut être sujet à psychose et à dégoût intense. TOUT. Et c'est pareil pour ce qui me concerne. Tout ce qui se rattache au corps autre que le sexe (et encore, je te l'ai dit dans un article précédent, c'est un peu compliqué de ce côté là aussi) et ce que je trouve personnellement esthétiquement beau est sujet à dégoût infini. Je rêve de l'amour de l'esprit mais aussi de l'amour passion qui me pemettrait d'oublier un instant ma condition de control freak. Que dis-je control freak : reality freak. J'aimerais réussir à oublier mon propre regard sur moi, à me rappeler que celui de l'autre est (parfois) biaisé par l'amour, qu'il ne me voit pas comme je me vois moi, et apprendre à faire comme lui. 
Je pense que j'accepterais beaucoup (tant que ça reste dans la limite de la dignité humaine et du consentement, mais je veux dire, je me foutrais un peu du passé ou des problèmes de la personne en question, je l'accepterais avec) de quelqu'un qui arriverait à me faire oublier que je me déteste et que je déteste que la réalité soit quelque chose d'aussi sale et imparfait. 
Et si cette personne m'entend, j'aimerais lui citer John Green à travers Augustus Waters : "oh but it would be a privilege, to have my earth broken by you."