lundi 17 mars 2014

Le virilisme, ce fléau.

                 
Ce n'est pas un secret, je suis féministe. Oui, je suis ce genre de colleuse de timbre/mal baisée qui ose élever la voix pour défendre ses droits. Je vais même plus loin, puisque je perds tout sens commun en étant égalitariste. Je défends les femmes, je défends les minorités en général, je défends même les animaux (elle est folle, elle est folle. eh oui.)
Mais il y a une chose que je regrette. On dit que les femmes sont forcées à entrer dans un moule, oppressées par la société, shamées dès qu'on en a l'occasion. Et c'est tout à fait vrai. On dit que les hommes ne nous aident pas franchement. Et c'est en partie vrai. Mais on oublie souvent (alors que je pense que la plupart des féministes en sont conscientes) que les hommes aussi subissent des pressions de manière quotidienne.
Et parmi les trucs qui gangrènent la société et nous empêchent d'être qui nous sommes, il y a ce fléau, cette peste, ce choléra, cet intégrisme sado-maso : le virilisme. 
Le virilisme, c'est quoi ? C'est, me semble-t-il, la défense des valeurs et des attitudes dites "masculines". Les garçons ne doivent pas pleurer, ils doivent faire du sport, aimer manger du boeuf, s'habiller comme des mecs, ne pas être des "tapettes", ne pas faire preuve de "sensiblerie", faire des blagues de cul, etc. 
Le pire, c'est que ce syncrétisme de sexisme, homophobie, etc. est souvent défendu par des hommes. Pour ceux-ci, j'ai une question : Ça vous plaît de vous imposer à vous même et à vos congénères des critères de vie absolument débiles et arriéristes ? À la limite, si vous voulez vous enfermer dans une image du MÂÂÂÂÂÂLE qui exclut toute forme de progrès ou d'acceptation de soi tel qu'on est, très bien. Mais n'allez pas étaler votre masculinisme purulent à la face des autres hommes.
Arrêtez le virgin-bashing : non, ne pas tremper ton biscuit ne fait pas de toi un sous-homme, mec, t'inquiète pas. Arrêtez de taper sur les mecs sensibles : si vous voulez mon avis, un garçon qui pleure devant un film est infiniment plus touchant qu'un qui fait des blagues grasses devant Fast&Furious 18 (je n'ai rien contre fast&furious, ma mère a une voiture). 
En plus, être "viril" ça ne veut rien dire. Les samurais étaient virils pas vrai ? Sauf que le mot "samurai" veut plus ou moins dire "serviteur", qu'ils portaient des kimonos larges qui ressemblaient à des jupes, qu'ils aimaient parler aux fleurs et écrire de la poésie. Les guerriers Maures étaient virils pas vrai ? Ils étaient parmi les plus raffinés de l'époque. Les chevaliers étaient virils ? L'amour courtois et les poèmes d'amours ça vous dit quelque chose ? Les grecs étaient virils ? Ils s'épilaient intégralement le corps et portaient des toges, c'est à dire des jupes, et considéraient l'homosexualité et la bisexualité comme quelque chose de normal. 
S'habiller en dandy ou de manière un peu "féminine" (ceci n'a pas de sens mais on va utiliser des références à vous hein) ne fait pas d'un homme quelqu'un de moins viril. Ne pas considérer les femmes comme des objets sexuels ne fait pas de toi quelqu'un de moins viril. Défendre les droits des minorités opprimées ne fait pas de toi quelqu'un de moins viril. Ne pas avoir couché à 25 ans ne fait pas quelqu'un de moins viril, tout simplement parce que le concept de virilité n'a pas de sens réel. La virilité est quelque chose de très difficile à définir, sachant qu'à la base, être viril, c'est défendre sa communauté avec les outils que l'on a. Mais très franchement, être viril, c'est si important que ça ? être un macho sous amphéts ne fait pas nécessairement de toi quelqu'un de séduisant.
Alors homme, s'il te plaît, laisse toi un peu tranquille. 
Pleure si tu as envie de pleurer, teins toi les cheveux si tu as envie de le faire, porte des slims si tu veux, achète toi un sac "de gonzesse" si tu te sens bien avec, porte la barbe, la moustache, épile toi si ça te fait te sentir bien, fais ce que tu veux tant que tu n'empiètes pas sur la liberté d'autrui. Ne crois pas que tu ne vas pas évoluer, que ce soit sexuellement, mentalement, physiquement. Arrête de penser que telle ou telle chose fera de toi un homme, et telle autre non. Homme, laisse toi un peu vivre comme tu en as envie, personne ne te reprochera de ne pas être l'incarnation de la masculinité telle qu'elle est décrite dans les pires des romans Harlequin. Et si quelqu'un te le reproche, mets lui un coup de sac à main, ça le ou la calmera. 
Sur ce bisou, parce qu'on peut être un macho viril et aimer les bisous et les fleurs.

Non au virginbashing, non au slutshaming.

Bonsoir, assidu (non) lecteur. 
Ce soir, je vais tenter de te parler d'une chose sur laquelle j'ai ouvert les yeux il n'y a pas très longtemps, disons quand j'ai commencé à prendre du recul sur ma vie sexuelle. 
J'ai perdu ma virginité d'une manière assez sotte. Un jour, j'avais environ 14 ans, je me suis dit "ok, je crois être lesbienne mais je vais tenter les mecs parce que bon. et puis relou d'être vierge, le prochain qui passe je me le fourre entre les jambes". Je me souviens avoir pleuré pendant que ça se passait. j'ai eu horriblement mal et je n'ai pourtant pas tellement attendu avant de recommencer, pressée que j'étais de me débarrasser du complexe des big labias en multipliant les partenaires. 
Je suis ce qu'on appelle communément une salope. Longtemps, j'ai couché sans que ça aie de sens, sans avoir d'affinités particulière avec les gens que je mettais dans mon lit. Longtemps j'ai multiplié les partenaires, en ayant d'histoire véritables qu'avec très très peu d'entre eux. J'ai testé des trucs que vous ne connaissez peut être même pas, le tout souvent sans prendre une once de plaisir. Tout ça sans doute par un besoin d'en savoir plus, de comprendre, de me prouver que je suis désirable et de me débarrasser de mes complexes. Mais peu importe, je te place juste en contexte, car ce n'est pas ça dont je veux parler ce soir.
L'un de mes amis a publié cet article ce soir, et selon ses propres dires il a été très difficile de rendre cela public.
Alors justement, je voulais donner un point de vue peut être un peu plus distancié, puisque je suis loin d'avoir subi du virginbashing.
Je voulais savoir, lecteur. En quoi le fait de n'avoir pas trempé son biscuit à 19, 20, 25, 30, 40 ans est il grave ? Certains n'ont tout simplement pas envie (je pense par exemple aux asexuels, au demisexuels, etc). D'autres ne trouvent pas l'occasion, parce qu'ils sont timides, parce que la bonne personne ne se présente pas, parce qu'ils ont peur, parce qu'etc. Il peut y avoir mille raisons. Ça peut être par choix ou non. Mais dans tous les cas, j'aimerais bien comprendre le genre humain. Coucher avec beaucoup de gens, pour une fille, c'est grave, c'est sale, tu es une salope qui a le feu au cul. Pour un garçon, là, au contraire, c'est bien, tu es un homme, tu les baises, tu es un vrai séducteur. Dites moi, pour citer la journée de la jupe, "c'est quoi ce truc qui salit que les filles ?".
Pourquoi une fille devrait elle garder son hymen et un garçon lui avoir de multiples expériences ? En quoi est-ce grave d'être puceau ? Se moquer de quelqu'un qui n'a pas encore popé la cerise, c'est l'une des choses les plus stupides. Déjà parce que ça ne vous regarde pas. Si quelqu'un ne décapsule pas la bouteille avant un certain âge, en quoi ça vous concerne ? A moins de vouloir aider cette personne à croquer le fruit défendu, vous n'avez rien à dire à ce sujet. Surtout si vous faites partie des personnes qui ont tendance à parler des gens qui multiplient les partenaires en les appelant "salope" ou "pute" ou "fille facile". Laissez vos sales nez de fouine hors de nos slips, on a pas besoin de votre avis. 

Si on couche beaucoup, si on ne couche pas, ce n'est pas votre problème. Chacun se débrouille comme il peut avec les liens sociaux, les relations sociales, amoureuses, la vie sexuelle et la libido. Et vous n'avez pas à vous croire meilleur parce que vous couchez plus ou moins que tel autre. 
Alors, comme je dis non au slutshaming (et je suis fière d'être de ces salopes de vous croyez sans doute humilier), je dis non au virginbashing. On ne vous demande pas votre avis (sauf si on est sur le point de vous déshabiller, là on s'assure de votre consentement. Mais bon, si tu slutshames ou que tu virginbashes, il y a de fortes chances pour que tu connaisses mon paillasson mieux que mon drap-housse.)

lundi 10 mars 2014

Les sites de rencontre, le royaume de l'awkwardness virtuelle.

Un jour, lassée du hasard aléatoire des rencontres de la vraie vie, dégoûtée par les mauvaises expériences et effrayée de revivre une choses non contrôlée (bienvenue dans le monde des control freaks), je décide, malgré des années de résistance à la peer pressure, de m'inscrire sur un site de rencontre. Mais je ne veux pas faire ça n'importe comment. Loin de moi l'envie d'explorer les recoins sombres d'adopte un mec, de meetic, et encore moins envie de m'inscrire sur un site sectaire comme Geekmemore, quelque chose de résolument dangereux comme rencontre-macho (pourquoi pas rencontre-connard). Et envie de vomir à l'idée de m'aventurer sur des choses du style Attractive-world (le site pour les célibataires qui risquent de rester célibataires). Je ne suis pas une morte-la-faim, je refuse de m'afficher comme ayant besoin de quelqu'un. je me renseigne donc et on me conseille un site, censé être différent (assez différent, je suppose, réellement). Il s'agit, déjà, d'un site international. Premier bon point. je m'inscris et, hypocritement, coche que je recherche des "new friends". Je fais une description subjective de moi même, etc., et j'attends.
Rapidement arrivent les permiers individus. Ils font, pour certains un peu peur. Le fait d'être une fille sur ce genre de site t'expose en effet à une vague de messages, sympathiques pour certains, creepy pour d'autres, carrément flippants pour les derniers. Par exemple, une personne a priori normale engage une conversation à peu près normale, et soudain, d'un coup d'un seul, quand je dis en plaisantant que même si je voulais je ne pourrais pas l'héberger en France (j'aurais dû me douter déjà alors qu'il y avait quelque chose d'étrange), "oh, it's too bad, we could have had tons of fun if you're into humiliation and submissiveness". Perplexité, éclat de rire, puis peur. Je me dis qu'il s'agit sûrement d'une exception, d'une mésaventure. Environ une heure plus tard, quelqu'un d'autre "que dirais-tu d'un massage des pieds ?" je réponds que je ne suis pas très massage, et je me vois répondre "tu préfères la fellation ?" BON. Sans parler des gens qui me font peur au premier abord, avant même de leur parler réellement (oui, j'ai des a priori faciles sur les gens, surtout les hommes, c'est vrai, et je ne suis pas très contente de ça, j'essaie de changer, mais bon), ou des premières phrases complètement surréalistes. Enfin bref, beaucoup d'awkwardness, également en voyant qui visite mon profil quinze fois et ne s'adresse jamais à moi, les gens qui vivent à l'autre bout du monde et me pose des questions plus qu'intimes. Parmi tout ça, quelques garçons et filles intéressants, qui pour certains disparaissent au bout de quelques jours de conversation. On me propose un rendez vous. J'accepte, me disant qu'il faut bien faire de nouvelles rencontres, puis, finalement, n'étant pas relancée, je ne cherche pas à en savoir plus. 
Le garçon a vite abandonné devant mon enthousiasme mesuré. Comme beaucoup d'autres, il ne cherche jamais vraiment à se rendre intéressant. On dirait presque de l'intérêt parce qu'il faut bien envoyer des messages à des gens, puisqu'on est sur un site de rencontre. S'installe une sorte de routine. "hey, how are you ? i saw you are french, and i read your profile, you seem interesting, what about a little chat ?" puis quelques questions bateau, et en général, rapidement, la rédition. Je n'ai pas spécialement de motivation non plus, je n'engage la conversation moi-même qu'avec trois personnes, dont deux me répondent.
Un de ces quatres, je "rencontre" D., Londonien exilé à Paris. Sa manière d'engager la conversation me plaît, il semble un peu moins automatisé que les autres. Nous échangeons pendant deux semaines, avant qu'il me propose d'aller boire un café histoire de parler de manière un peu plus spontanée. Je me dégage de l'étau de mon awkwardness et accepte. Nous nous voyons une, deux, trois, quatre fois. Nous discutons, nous rions. Nous ne nous embrassons pas, pourtant il semble que nous sommes tous les deux plutôt attirés par l'autre. Mais ça ne semble pas juste. Ça ne semble pas naturel. Je devine que si nous nous étions rencontrés par hasard nous aurions sans doute eu plus de chances. Mais je sais déjà trop de choses sur lui, il sait déjà trop de choses sur moi. Et le hasard n'a pas eu sa chance. Être control freak n'a pas que des bons côtés, loin de là. Un jour, je reçois un message "Hey Birdy, ok so i really appreciate you, you are interesting, attractive, funny and all but... I don't know, it doesn't feel right. I don't think i'm able to commit with someone right now, i'm sorry but i don't think it's gonna work". Je ne suis pas surprise. Je réponds qu'il n'a pas à s'en faire, que je comprends parfaitement et que ça va aller, qu'il ne doit surtout pas s'en vouloir. Le soir même, sereine, je détruis mon compte. 
Non, vraiment, j'ai beau être control freak, j'ai beau détester ne pas avoir de prise sur le hasard, vraiment, les rencontres contrôlées et fabriquées, conventionnées, ce n'est vraiment pas pour moi.
Les sites de rencontre ne sont vraiment pas ma tasse de thé.

Internet, mon amour

Ah, internet. Que ferait-on sans lui.
Ça peut paraître ironique, ça ne l'est pas. Je suis une fervente "défenseuse" d'internet, quitte à parfois me faire l'avocat du diable.
Grâce à internet on s'instruit, on socialise, on communique, on séduit, on procrastine, on se divertit, on commet même des délits parfois. Internet c'est à la fois la corne d'abondance et la boite de Pandore. internet c'est le compagnon de déprime, d'hypocondrie, de procrastination, de rire, d'ennui, d'inspiration. Mais internet, comme beaucoup de choses, est à double tranchant. Bien sûr, tu as déjà sûrement été, sans doute par accident, sur le dark side d'internet : entre les vidéos de furoncles sur youtube, le porn-gore-cannibale d'imgur, le furry dérangeant de tumblr, etc. Tu y as été, et tu as été horrifié par ce que tu as vu. Tu as peut être même été mal physiquement. Et pourtant, tu y est retourné. Tu as été fasciné. Sans comprendre pourquoi. Peut être as tu simplement été happé par le trou noir du WTF des vidéos japonaises.

Mais plus que cela, internet en lui-même a des inconvénients : à commencer par la capacité de happer ta vie sociale et de t'enfermer dans un cercle de personnes dont tu n'arrives plus à te sortir à moins d'être extrêmement courageux, volontaire et déterminé. C'est ce qui m'est arrivé pendant quelques temps. En arrivant à Paris, seule et perdue, peu intéressée par les gens de ma classe (sauf deux personnes adorables), je me suis inscrite sur twitter. J'ai rencontré des gens qui me ressemblaient, qui me comprenaient, et je me suis rapidement créé une sphère d'amis. Disons que plus de 80% de mes fréquentations étaient des gens d'internet. Au fur et à mesure, je me suis enfermée dans cette twittosphère, je n'ai plus fait de rencontres hors de ce contexte, et je n'ai plus eu que des amis venus de là. Mais récemment, au début de l'année, j'ai réalisé que ça n'était plus possible. Entre les tensions, la lassitude, et la non-évolution des sujets de conversations ou des débats, j'ai réalisé, comme quand on est en plein cauchemar semi-lucide, que je n'arrivais pas à m'en sortir et surtout que je n'arrivais pas à évoluer et à changer l'image que les gens avaient de moi. Même mes quelques fréquentations de la fac ne suffisaient pas à me changer de ma routine random twitterienne. Il fallut donc trouver un autre endroit où tenter d'être naturelle (je ne vous cache pas que je n'y suis pas arrivée sur le moment et que je suis en plein travail sur moi même pour essayer d'arrêter de me faire passer pour quelqu'un que je ne suis pas). J'ai donc cherché du travail, et trouvé récemment grâce à un ami de la fac (et donc, à présent, également collègue). Je suis encore en période d'essai mais très franchement, travailler a changé ma vie. Je ne passe plus mes journées sans cours à me traîner, je ne passe plus mes nuits à fixer le plafond (ou en tout cas moins), j'ai rencontré des nouvelles personnes, je  m'occupe, et un travail manuel a l'avantage de donner l'impression d'être productif mais aussi de se servir de son corps et plus seulement de son esprit. Ça aide un peu à se vider la tête et à se rappeler que la vie n'est pas une longue crise existentielle. Oui, moi aussi, ça m'a surprise. 

Je me suis un peu sortie d'internet même si je l'aime toujours d'amour. 
Et j'ai même décidé de me remettre au sport. Comme diraient les Smiths, "good times for a change".