lundi 17 mars 2014

Le virilisme, ce fléau.

                 
Ce n'est pas un secret, je suis féministe. Oui, je suis ce genre de colleuse de timbre/mal baisée qui ose élever la voix pour défendre ses droits. Je vais même plus loin, puisque je perds tout sens commun en étant égalitariste. Je défends les femmes, je défends les minorités en général, je défends même les animaux (elle est folle, elle est folle. eh oui.)
Mais il y a une chose que je regrette. On dit que les femmes sont forcées à entrer dans un moule, oppressées par la société, shamées dès qu'on en a l'occasion. Et c'est tout à fait vrai. On dit que les hommes ne nous aident pas franchement. Et c'est en partie vrai. Mais on oublie souvent (alors que je pense que la plupart des féministes en sont conscientes) que les hommes aussi subissent des pressions de manière quotidienne.
Et parmi les trucs qui gangrènent la société et nous empêchent d'être qui nous sommes, il y a ce fléau, cette peste, ce choléra, cet intégrisme sado-maso : le virilisme. 
Le virilisme, c'est quoi ? C'est, me semble-t-il, la défense des valeurs et des attitudes dites "masculines". Les garçons ne doivent pas pleurer, ils doivent faire du sport, aimer manger du boeuf, s'habiller comme des mecs, ne pas être des "tapettes", ne pas faire preuve de "sensiblerie", faire des blagues de cul, etc. 
Le pire, c'est que ce syncrétisme de sexisme, homophobie, etc. est souvent défendu par des hommes. Pour ceux-ci, j'ai une question : Ça vous plaît de vous imposer à vous même et à vos congénères des critères de vie absolument débiles et arriéristes ? À la limite, si vous voulez vous enfermer dans une image du MÂÂÂÂÂÂLE qui exclut toute forme de progrès ou d'acceptation de soi tel qu'on est, très bien. Mais n'allez pas étaler votre masculinisme purulent à la face des autres hommes.
Arrêtez le virgin-bashing : non, ne pas tremper ton biscuit ne fait pas de toi un sous-homme, mec, t'inquiète pas. Arrêtez de taper sur les mecs sensibles : si vous voulez mon avis, un garçon qui pleure devant un film est infiniment plus touchant qu'un qui fait des blagues grasses devant Fast&Furious 18 (je n'ai rien contre fast&furious, ma mère a une voiture). 
En plus, être "viril" ça ne veut rien dire. Les samurais étaient virils pas vrai ? Sauf que le mot "samurai" veut plus ou moins dire "serviteur", qu'ils portaient des kimonos larges qui ressemblaient à des jupes, qu'ils aimaient parler aux fleurs et écrire de la poésie. Les guerriers Maures étaient virils pas vrai ? Ils étaient parmi les plus raffinés de l'époque. Les chevaliers étaient virils ? L'amour courtois et les poèmes d'amours ça vous dit quelque chose ? Les grecs étaient virils ? Ils s'épilaient intégralement le corps et portaient des toges, c'est à dire des jupes, et considéraient l'homosexualité et la bisexualité comme quelque chose de normal. 
S'habiller en dandy ou de manière un peu "féminine" (ceci n'a pas de sens mais on va utiliser des références à vous hein) ne fait pas d'un homme quelqu'un de moins viril. Ne pas considérer les femmes comme des objets sexuels ne fait pas de toi quelqu'un de moins viril. Défendre les droits des minorités opprimées ne fait pas de toi quelqu'un de moins viril. Ne pas avoir couché à 25 ans ne fait pas quelqu'un de moins viril, tout simplement parce que le concept de virilité n'a pas de sens réel. La virilité est quelque chose de très difficile à définir, sachant qu'à la base, être viril, c'est défendre sa communauté avec les outils que l'on a. Mais très franchement, être viril, c'est si important que ça ? être un macho sous amphéts ne fait pas nécessairement de toi quelqu'un de séduisant.
Alors homme, s'il te plaît, laisse toi un peu tranquille. 
Pleure si tu as envie de pleurer, teins toi les cheveux si tu as envie de le faire, porte des slims si tu veux, achète toi un sac "de gonzesse" si tu te sens bien avec, porte la barbe, la moustache, épile toi si ça te fait te sentir bien, fais ce que tu veux tant que tu n'empiètes pas sur la liberté d'autrui. Ne crois pas que tu ne vas pas évoluer, que ce soit sexuellement, mentalement, physiquement. Arrête de penser que telle ou telle chose fera de toi un homme, et telle autre non. Homme, laisse toi un peu vivre comme tu en as envie, personne ne te reprochera de ne pas être l'incarnation de la masculinité telle qu'elle est décrite dans les pires des romans Harlequin. Et si quelqu'un te le reproche, mets lui un coup de sac à main, ça le ou la calmera. 
Sur ce bisou, parce qu'on peut être un macho viril et aimer les bisous et les fleurs.

Non au virginbashing, non au slutshaming.

Bonsoir, assidu (non) lecteur. 
Ce soir, je vais tenter de te parler d'une chose sur laquelle j'ai ouvert les yeux il n'y a pas très longtemps, disons quand j'ai commencé à prendre du recul sur ma vie sexuelle. 
J'ai perdu ma virginité d'une manière assez sotte. Un jour, j'avais environ 14 ans, je me suis dit "ok, je crois être lesbienne mais je vais tenter les mecs parce que bon. et puis relou d'être vierge, le prochain qui passe je me le fourre entre les jambes". Je me souviens avoir pleuré pendant que ça se passait. j'ai eu horriblement mal et je n'ai pourtant pas tellement attendu avant de recommencer, pressée que j'étais de me débarrasser du complexe des big labias en multipliant les partenaires. 
Je suis ce qu'on appelle communément une salope. Longtemps, j'ai couché sans que ça aie de sens, sans avoir d'affinités particulière avec les gens que je mettais dans mon lit. Longtemps j'ai multiplié les partenaires, en ayant d'histoire véritables qu'avec très très peu d'entre eux. J'ai testé des trucs que vous ne connaissez peut être même pas, le tout souvent sans prendre une once de plaisir. Tout ça sans doute par un besoin d'en savoir plus, de comprendre, de me prouver que je suis désirable et de me débarrasser de mes complexes. Mais peu importe, je te place juste en contexte, car ce n'est pas ça dont je veux parler ce soir.
L'un de mes amis a publié cet article ce soir, et selon ses propres dires il a été très difficile de rendre cela public.
Alors justement, je voulais donner un point de vue peut être un peu plus distancié, puisque je suis loin d'avoir subi du virginbashing.
Je voulais savoir, lecteur. En quoi le fait de n'avoir pas trempé son biscuit à 19, 20, 25, 30, 40 ans est il grave ? Certains n'ont tout simplement pas envie (je pense par exemple aux asexuels, au demisexuels, etc). D'autres ne trouvent pas l'occasion, parce qu'ils sont timides, parce que la bonne personne ne se présente pas, parce qu'ils ont peur, parce qu'etc. Il peut y avoir mille raisons. Ça peut être par choix ou non. Mais dans tous les cas, j'aimerais bien comprendre le genre humain. Coucher avec beaucoup de gens, pour une fille, c'est grave, c'est sale, tu es une salope qui a le feu au cul. Pour un garçon, là, au contraire, c'est bien, tu es un homme, tu les baises, tu es un vrai séducteur. Dites moi, pour citer la journée de la jupe, "c'est quoi ce truc qui salit que les filles ?".
Pourquoi une fille devrait elle garder son hymen et un garçon lui avoir de multiples expériences ? En quoi est-ce grave d'être puceau ? Se moquer de quelqu'un qui n'a pas encore popé la cerise, c'est l'une des choses les plus stupides. Déjà parce que ça ne vous regarde pas. Si quelqu'un ne décapsule pas la bouteille avant un certain âge, en quoi ça vous concerne ? A moins de vouloir aider cette personne à croquer le fruit défendu, vous n'avez rien à dire à ce sujet. Surtout si vous faites partie des personnes qui ont tendance à parler des gens qui multiplient les partenaires en les appelant "salope" ou "pute" ou "fille facile". Laissez vos sales nez de fouine hors de nos slips, on a pas besoin de votre avis. 

Si on couche beaucoup, si on ne couche pas, ce n'est pas votre problème. Chacun se débrouille comme il peut avec les liens sociaux, les relations sociales, amoureuses, la vie sexuelle et la libido. Et vous n'avez pas à vous croire meilleur parce que vous couchez plus ou moins que tel autre. 
Alors, comme je dis non au slutshaming (et je suis fière d'être de ces salopes de vous croyez sans doute humilier), je dis non au virginbashing. On ne vous demande pas votre avis (sauf si on est sur le point de vous déshabiller, là on s'assure de votre consentement. Mais bon, si tu slutshames ou que tu virginbashes, il y a de fortes chances pour que tu connaisses mon paillasson mieux que mon drap-housse.)

lundi 10 mars 2014

Les sites de rencontre, le royaume de l'awkwardness virtuelle.

Un jour, lassée du hasard aléatoire des rencontres de la vraie vie, dégoûtée par les mauvaises expériences et effrayée de revivre une choses non contrôlée (bienvenue dans le monde des control freaks), je décide, malgré des années de résistance à la peer pressure, de m'inscrire sur un site de rencontre. Mais je ne veux pas faire ça n'importe comment. Loin de moi l'envie d'explorer les recoins sombres d'adopte un mec, de meetic, et encore moins envie de m'inscrire sur un site sectaire comme Geekmemore, quelque chose de résolument dangereux comme rencontre-macho (pourquoi pas rencontre-connard). Et envie de vomir à l'idée de m'aventurer sur des choses du style Attractive-world (le site pour les célibataires qui risquent de rester célibataires). Je ne suis pas une morte-la-faim, je refuse de m'afficher comme ayant besoin de quelqu'un. je me renseigne donc et on me conseille un site, censé être différent (assez différent, je suppose, réellement). Il s'agit, déjà, d'un site international. Premier bon point. je m'inscris et, hypocritement, coche que je recherche des "new friends". Je fais une description subjective de moi même, etc., et j'attends.
Rapidement arrivent les permiers individus. Ils font, pour certains un peu peur. Le fait d'être une fille sur ce genre de site t'expose en effet à une vague de messages, sympathiques pour certains, creepy pour d'autres, carrément flippants pour les derniers. Par exemple, une personne a priori normale engage une conversation à peu près normale, et soudain, d'un coup d'un seul, quand je dis en plaisantant que même si je voulais je ne pourrais pas l'héberger en France (j'aurais dû me douter déjà alors qu'il y avait quelque chose d'étrange), "oh, it's too bad, we could have had tons of fun if you're into humiliation and submissiveness". Perplexité, éclat de rire, puis peur. Je me dis qu'il s'agit sûrement d'une exception, d'une mésaventure. Environ une heure plus tard, quelqu'un d'autre "que dirais-tu d'un massage des pieds ?" je réponds que je ne suis pas très massage, et je me vois répondre "tu préfères la fellation ?" BON. Sans parler des gens qui me font peur au premier abord, avant même de leur parler réellement (oui, j'ai des a priori faciles sur les gens, surtout les hommes, c'est vrai, et je ne suis pas très contente de ça, j'essaie de changer, mais bon), ou des premières phrases complètement surréalistes. Enfin bref, beaucoup d'awkwardness, également en voyant qui visite mon profil quinze fois et ne s'adresse jamais à moi, les gens qui vivent à l'autre bout du monde et me pose des questions plus qu'intimes. Parmi tout ça, quelques garçons et filles intéressants, qui pour certains disparaissent au bout de quelques jours de conversation. On me propose un rendez vous. J'accepte, me disant qu'il faut bien faire de nouvelles rencontres, puis, finalement, n'étant pas relancée, je ne cherche pas à en savoir plus. 
Le garçon a vite abandonné devant mon enthousiasme mesuré. Comme beaucoup d'autres, il ne cherche jamais vraiment à se rendre intéressant. On dirait presque de l'intérêt parce qu'il faut bien envoyer des messages à des gens, puisqu'on est sur un site de rencontre. S'installe une sorte de routine. "hey, how are you ? i saw you are french, and i read your profile, you seem interesting, what about a little chat ?" puis quelques questions bateau, et en général, rapidement, la rédition. Je n'ai pas spécialement de motivation non plus, je n'engage la conversation moi-même qu'avec trois personnes, dont deux me répondent.
Un de ces quatres, je "rencontre" D., Londonien exilé à Paris. Sa manière d'engager la conversation me plaît, il semble un peu moins automatisé que les autres. Nous échangeons pendant deux semaines, avant qu'il me propose d'aller boire un café histoire de parler de manière un peu plus spontanée. Je me dégage de l'étau de mon awkwardness et accepte. Nous nous voyons une, deux, trois, quatre fois. Nous discutons, nous rions. Nous ne nous embrassons pas, pourtant il semble que nous sommes tous les deux plutôt attirés par l'autre. Mais ça ne semble pas juste. Ça ne semble pas naturel. Je devine que si nous nous étions rencontrés par hasard nous aurions sans doute eu plus de chances. Mais je sais déjà trop de choses sur lui, il sait déjà trop de choses sur moi. Et le hasard n'a pas eu sa chance. Être control freak n'a pas que des bons côtés, loin de là. Un jour, je reçois un message "Hey Birdy, ok so i really appreciate you, you are interesting, attractive, funny and all but... I don't know, it doesn't feel right. I don't think i'm able to commit with someone right now, i'm sorry but i don't think it's gonna work". Je ne suis pas surprise. Je réponds qu'il n'a pas à s'en faire, que je comprends parfaitement et que ça va aller, qu'il ne doit surtout pas s'en vouloir. Le soir même, sereine, je détruis mon compte. 
Non, vraiment, j'ai beau être control freak, j'ai beau détester ne pas avoir de prise sur le hasard, vraiment, les rencontres contrôlées et fabriquées, conventionnées, ce n'est vraiment pas pour moi.
Les sites de rencontre ne sont vraiment pas ma tasse de thé.

Internet, mon amour

Ah, internet. Que ferait-on sans lui.
Ça peut paraître ironique, ça ne l'est pas. Je suis une fervente "défenseuse" d'internet, quitte à parfois me faire l'avocat du diable.
Grâce à internet on s'instruit, on socialise, on communique, on séduit, on procrastine, on se divertit, on commet même des délits parfois. Internet c'est à la fois la corne d'abondance et la boite de Pandore. internet c'est le compagnon de déprime, d'hypocondrie, de procrastination, de rire, d'ennui, d'inspiration. Mais internet, comme beaucoup de choses, est à double tranchant. Bien sûr, tu as déjà sûrement été, sans doute par accident, sur le dark side d'internet : entre les vidéos de furoncles sur youtube, le porn-gore-cannibale d'imgur, le furry dérangeant de tumblr, etc. Tu y as été, et tu as été horrifié par ce que tu as vu. Tu as peut être même été mal physiquement. Et pourtant, tu y est retourné. Tu as été fasciné. Sans comprendre pourquoi. Peut être as tu simplement été happé par le trou noir du WTF des vidéos japonaises.

Mais plus que cela, internet en lui-même a des inconvénients : à commencer par la capacité de happer ta vie sociale et de t'enfermer dans un cercle de personnes dont tu n'arrives plus à te sortir à moins d'être extrêmement courageux, volontaire et déterminé. C'est ce qui m'est arrivé pendant quelques temps. En arrivant à Paris, seule et perdue, peu intéressée par les gens de ma classe (sauf deux personnes adorables), je me suis inscrite sur twitter. J'ai rencontré des gens qui me ressemblaient, qui me comprenaient, et je me suis rapidement créé une sphère d'amis. Disons que plus de 80% de mes fréquentations étaient des gens d'internet. Au fur et à mesure, je me suis enfermée dans cette twittosphère, je n'ai plus fait de rencontres hors de ce contexte, et je n'ai plus eu que des amis venus de là. Mais récemment, au début de l'année, j'ai réalisé que ça n'était plus possible. Entre les tensions, la lassitude, et la non-évolution des sujets de conversations ou des débats, j'ai réalisé, comme quand on est en plein cauchemar semi-lucide, que je n'arrivais pas à m'en sortir et surtout que je n'arrivais pas à évoluer et à changer l'image que les gens avaient de moi. Même mes quelques fréquentations de la fac ne suffisaient pas à me changer de ma routine random twitterienne. Il fallut donc trouver un autre endroit où tenter d'être naturelle (je ne vous cache pas que je n'y suis pas arrivée sur le moment et que je suis en plein travail sur moi même pour essayer d'arrêter de me faire passer pour quelqu'un que je ne suis pas). J'ai donc cherché du travail, et trouvé récemment grâce à un ami de la fac (et donc, à présent, également collègue). Je suis encore en période d'essai mais très franchement, travailler a changé ma vie. Je ne passe plus mes journées sans cours à me traîner, je ne passe plus mes nuits à fixer le plafond (ou en tout cas moins), j'ai rencontré des nouvelles personnes, je  m'occupe, et un travail manuel a l'avantage de donner l'impression d'être productif mais aussi de se servir de son corps et plus seulement de son esprit. Ça aide un peu à se vider la tête et à se rappeler que la vie n'est pas une longue crise existentielle. Oui, moi aussi, ça m'a surprise. 

Je me suis un peu sortie d'internet même si je l'aime toujours d'amour. 
Et j'ai même décidé de me remettre au sport. Comme diraient les Smiths, "good times for a change".

mercredi 12 février 2014

Mes attentes irréalistes quant à l'amour.

L'amour, quand on l'a trouvé, c'est cool, c'est beau, c'est bon, c'est sain, ou rien de tout ça. Mais surtout, les gens se contentent souvent de ce qu'ils ont. En tout cas, s'ils sont amoureux, tout leur va, ou presque. Attention, je ne veux pas faire ici la description d'un romantisme unique et obligatoire, loin de là. Je sais que pour certain(e)s le romantisme c'est un dîner aux chandelles et un bain avec des pétales de roses, pour d'autres c'est manger des pizzas devant un vieux film, à moitié nu(e)s, ou pour d'autres encore faire tout bonnement une jolie promenade dans les feuilles mortes.
Bien. Et maintenant, je vais t'expliquer pourquoi je ne serai jamais satisfaite de mes histoires d'amour (à moins d'évoluer beaucoup).
Ce que j'attends d'une relation, ça peut paraître simple. Beaucoup de passion, des pleurs, des complications, beaucoup de bonheur, de sarcasme à deux, des chansons chantées à deux, des blanket forts, de longues conversations avec des lampes de poches sous la couette, renverser du thé et rire, beaucoup d'amour, et surtout, surtout, pas trop de réalité. Mon histoire d'amour idéale est un film. Un livre. Quelque chose ou on ne marche pas ensemble dans les couloirs puants du RER, ou le métro sent bon comme dans la partie cuivrée d'Arts et Métiers, où quand on a les cheveux mouillés ils ondulent gentiment et ne nous font pas ressembler à des vieux rats d'égoût, où on peut se goinfrer de saucisson et de fromage sans avoir l'haleine et les boutons qui vont avec, où on pourrait partir en voiture non-polluante se baigner dans des étangs idylliques sans vase et sangsues au fond, où on serait indépendants, libres, où on pourrait disparaître deux semaines dans un cabanon dans un fjord sans avoir de problème d'argent et sans alerter personne. En fait, ce qui m'énerve dans l'amour, c'est la réalité de la chose. J'adore le concept, vraiment. Ce qui me gêne dans la vie, en général, c'est la réalité. Je rêve d'une histoire d'amour qui ressemblerait à une chanson des Kooks (Young folks par exemple), à un bouquin de John Green (sans cancer incurable si possible), à une page tumblr, à un film de Wes Anderson, avec le filtre à la instagram dessus, aussi, s'il faut, c'est peut être même encore mieux.
J'en ai marre d'être une humaine triviale qui doit sans cesse faire attention parce qu'il y a tellement de risques de ruiner un beau moment (une phrase mal placée ou prononcée, une coulée de morve sous le nez, un fond de teint mal étalé, un pet, etc.) Et si ça ne gâche pas pour l'autre, l'image du moment est ruinée à tout jamais dans ma tête.
Je suis le genre de personne qui, si elle remarque le plus petit bouton sur le visage de l'autre, va psychoter dessus toute la soirée. Je me sens souvent superficielle, mais je crois qu'en fin de compte je suis juste irréaliste et assez peu lucide. Mon homme idéal (comme je l'ai déjà expliqué, j'ai plus tendance à avoir des histoires avec des garçons, question d'affinité et de facilité sans doute), c'est un peu Augustus Waters (très franchement, même avec la jambe qui manque, je m'en fous un peu de ça, par contre), avec le flegme anglais de Dan(isnotonfire) et la voix de Tom Odell, la poésie décalée des Smiths, et surtout, surtout, pas trop humain, pas trop trivial, pas trop réel ou accessible. Dès qu'on rentre dans l'ordre de l'intime tout (sa manière de mâcher, sa manière de se curer le nez, sa manière de se rhabiller, de se raser, ses poils) peut être sujet à psychose et à dégoût intense. TOUT. Et c'est pareil pour ce qui me concerne. Tout ce qui se rattache au corps autre que le sexe (et encore, je te l'ai dit dans un article précédent, c'est un peu compliqué de ce côté là aussi) et ce que je trouve personnellement esthétiquement beau est sujet à dégoût infini. Je rêve de l'amour de l'esprit mais aussi de l'amour passion qui me pemettrait d'oublier un instant ma condition de control freak. Que dis-je control freak : reality freak. J'aimerais réussir à oublier mon propre regard sur moi, à me rappeler que celui de l'autre est (parfois) biaisé par l'amour, qu'il ne me voit pas comme je me vois moi, et apprendre à faire comme lui. 
Je pense que j'accepterais beaucoup (tant que ça reste dans la limite de la dignité humaine et du consentement, mais je veux dire, je me foutrais un peu du passé ou des problèmes de la personne en question, je l'accepterais avec) de quelqu'un qui arriverait à me faire oublier que je me déteste et que je déteste que la réalité soit quelque chose d'aussi sale et imparfait. 
Et si cette personne m'entend, j'aimerais lui citer John Green à travers Augustus Waters : "oh but it would be a privilege, to have my earth broken by you."

jeudi 23 janvier 2014

Non, être surdoué ce n'est pas "sympa" et je n'en suis pas fière.

NOTA BENE : Ce que j'écris dans cet article ne prétend pas être exhaustif, ni juste, ni s'appliquer à tout le monde. Je parle de la manière dont je ressens ma douance au quotidien, ajoutée à tous mes autres petits troubles psychologiques sympa (qui ne sont pas des auto-diagnostics mais des avis de professionnels). J'écris ceci sous le coup de la colère : je grossis sans doute certains traits et c'est probablement très confus. Je m'en excuse, mais quelque part il va falloir t'y habituer, lecteur, si tu veux que cette relation qui est la nôtre continue sereinement (non je déconne je n'aurai jamais de relation sereine, tkt, bisous)

Alors voilà.
Il est temps de hurler une fois pour toutes à la fin du monde : non, être surdoué, être zèbre, être un enfant précoce, ça n'a rien de facile.
D'abord, parce qu'on s'interdit de se déclarer en tant que tel, en tout cas je l'ai fait pendant plus de 10 ans, finissant par réussir à me persuader moi-même que j'étais normale. De peur que les gens jugent. Parce que oui, dire qu'on a un QI très élevé (beaucoup trop), ça fait poseur, ça fait vantard, ça fait supérieur. Ou qui se pense supérieur. 
Non, je ne me pense pas supérieure. Non, je ne suis pas fière d'être zèbre. Non, je ne suis pas heureuse de l'être. Mais je le suis. C'est scientifique, c'est aussi vérifié que la dépression. C'est quelque chose de réel. Non, je ne suis pas une mythomane avide de rabaisser les autres.

Premièrement, avoir un QI supérieur (en général largement supérieur) à la moyenne (on parle de Douance lorsqu'on a un QI de plus de 130, alors que la moyenne est de 85 à 115) ne veut pas nécessairement dire qu'on est plus intelligent. L'intelligence ne se mesure pas qu'au QI, mais aussi à l'ouverture d'esprit, à la capacité à apprendre, à la curiosité, à la volonté d'augmenter sa culture et à mille autres choses. Le QI ne mesure pas l'intelligence mais le potentiel et le développement des capacités intellectuelles. Un surdoué va penser différemment d'une personne "normale", c'est clair. La plupart d'entre nous (je m'inclus dans le groupe, mais je ne fais pas de généralité : chaque personne est différente) ont une pensée arborescente : chaque étape de la pensée, chaque idée, va faire bourgeonner et grandir toute une nouvelle gamme d'autres idées qui elles même s'étendent en d'autres idées etc. C'est un bordel sans nom, et cela m'a fait manquer de rigueur jusqu'à maintenant et m'oblige à faire beaucoup plus d'effort que quelqu'un avec une pensée non arborescente pour avoir un raisonnement cohérent, synthétique, et qui se tient. Sans parler du fait qu'on dit souvent que le surdoué est 'trop intelligent pour être heureux'. Ça n'y est pas pour rien dans mes insomnies. Ça n'y est pas pour rien dans le fait qu'à l'âge où je parlais à peine je posais déjà des questions sur la mort et je faisais des cauchemars éveillés et des crises d'angoisse en pensant que j'allais aller en enfer (j'ai eu un genre de crise mystique à 10 ans, j'ai lu la bible et tous les bouquins catholiques que j'ai pu trouver, et je me considérais comme un horrible monstre. Mon rapport avec la religion a toujours été compliqué disons). 

Deuxièmement, être "zèbre", ce n'est pas seulement une question de QI. C'est aussi toute une gamme de conséquences plus ou moins sympa qu'il faut supporter au quotidien. Personnellement, je suis atteinte du syndrome dit "du monde intense" aussi appelé "Désintégration positive", théorisé par un certain Kazimierz Dabrowski vers le milieu du 20ème siècle. La notion principale de ce syndrome est en fait ce qu'il appelle "l'hyperstimulabilité" qui se décline en cinq sortes.
- L'hyperstimulabilité émotionnelle, qui, en gros, se manifeste par une hyperémotivité et une hyperempathie parfois handicapantes, d'autant plus qu'elles ont souvent des effets physiques : serrement de coeur, noeuds dans le ventre, coeur battant, mains moites, rougissements et tics nerveux en sont les principales manifestations. Une personne émotionnellement hyperstimulable ressent les émotions de la vie courante bien plus fort que n'importe qui d'autre. À cela s'ajoute un attachement fort et rapide aux gens, aux lieux, aux objets et aux animaux et parfois une grande difficulté à s'adapter au changement lorsque celui ci doit être définitif, mais aussi une manifestation très bruyante et démonstrative de ces émotions : euphorie, inhibition, extase, humour, culpabilité, honte, mémoire affective, préoccupations à propos de la mort, et enfin humeurs dépressives et suicidaires, le tout à un niveau difficilement supportable pour la personne concernée mais aussi pour l'entourage. Sans parler des dialogues internes très violents et de l'autocritique virulente dont on fait parfois montre.
- L'hyperstimulabilité intellectuelle : qu'on pourrait résumer par "une forte tendance à vouloir tout savoir, tout comprendre, et surtout à se compliquer la vie". Elle se manifeste par une lecture avide, une volonté d'avoir des connaissances dans tous les domaines quitte à ce qu'elles soient superficielles, à une grande détresse en cas d'incompréhension ou de chose inexplicable, une tendance aux questionnements profonds, à s'occuper le cerveau en faisant des choses inutiles (compter ses cheveux, le nombre de pavés, lire à l'envers, s'inventer et résoudre des énigmes, etc.), une tendance à tout surinterpréter (particulièrement le comportement d'autrui), à créer et consommer des théories, à affirmer une pensée indépendante, à des interrogations morales et à l'introspection. Je vous laisse imaginer comment c'est le bordel quotidien dans ma tête et pourquoi je ne dors pas. 
- L'hyperstimulabilité imaginative, qui est, pour moi, la plus agréable à vivre. Il s'agit tout bonnement de vivre dans son monde (oui, un peu comme les autistes, sans la difficulté à communiquer), à s'inventer des univers, des religions, à mystifier et magnifier les choses, à se perdre dans des rêveries tellement élaborées qu'elles peuvent prendre le pas sur tout le reste. C'est aussi manifeste par une utilisation plus qu'abusive des métaphores et images afin de pouvoir tout visualiser (même les idées et systèmes les plus complexes), mais aussi parfois à une difficulté à se concentrer sur les choses concrètes et importantes, ainsi qu'à distinguer la réalité du rêve et de la fiction (crédulité, si tu me lis). On en revient à la pensée arborescente, aux associations d'idées et aux analogies qui peuvent parfois sembler n'avoir pas lieu d'être. 
- L'hyperstimulabilité sensorielle. C'est là que ça va devenir intime, et presque gênant, mais yala comme dit M.I.A. D'abord, l'hyperstimulabilité sensorielle se manifeste par des sens très développés : une sensibilité extrême aux sons aigus, répétitifs, réguliers, désagréables, au brouhaha, aux gens qui parlent fort, aux conversations avec beaucoup de monde, aux grincements, aux bruits du papier mais aussi parfois (et c'est mon cas) de sa propre respiration (et ça peut être agréable parfois comme absolument invivable à d'autres moments), où au fait de s'entendre mâcher (sans parler des bruits plus ou moins sympa qu'on entend tous les jours y compris dans les moments les plus intimes). Des yeux très sensibles aussi, à la lumière, aux courants d'air, à la poussière, à la fumée, aux intempéries, à la sécheresse, aux couleurs trop vives, aux images trop rapides et aux effets spéciaux parfois. Le goût et l'odorat ont aussi leur lot de petits troubles quotidiens, comme par exemple remarquer instantanément les mauvaises odeur : transpiration, tabac froid, odeur de la maison quand on est parti quelques jours mais que d'autres gens sont venus, odeur d'une femme qui a ses règles (et oui, et je vous raconte même pas comment c'est quand j'ai les miennes), odeur de quelqu'un qui traîne dans une pièce longtemps après son départ, goûts exacerbés mais parfois impossibilité de manger si on a senti un arrière goût désagréable, dégoût facile. mais dans mon cas, c'est très certainement le toucher qui me pose le plus de problèmes (avec la vue) : j'ai tout simplement la sensation d'être écorchée vive : je ne supporte pas les vêtements qui grattent, même juste un peu, je peux aller jusqu'à faire des crises d'angoisse ou de larmes à cause de ça, j'ai déjà fait une crise de panique en essayant des chaussures dans un magasin parce qu'elles m'étaient trop petites, je ne supporte pas de porter une montre, de rester assise trop longtemps avec un collant, le moindre plis de mes chaussettes, j'ai beaucoup de mal à porter des gants, le contact avec des choses comme des craies, la peau de certains fruits, certains tissus, d'avoir les mains un peu humides, et je suis capable d'avoir une réaction extrêmement violente si quelqu'un me touche alors que je ne m'y attendais pas ou que je n'en ai pas envie. J'ai aussi une incapacité physique à supporter la chaleur : pour moi, au delà de 30°C (et encore), c'est le malaise assuré. C'est sans parler de la difficulté à supporter la foule que tu connais sûrement, lecteur. Ajoutons à cela une forte tendance à la boulimie (que dans ma cyclothymie je contrebalance par des phases anorexiques), aux achats compulsifs et à avoir une sexualité débridée (quitte à se dégoûter par la suite). Parfois aussi un besoin malsain et exacerbé d'attention.
- l'hyperstimulabilité psychomotrice : celle-ci se caractérise par l'activité corporelle. C'est à dire par une tendance à parler vite et fort (quitte à s'insupporter physiquement ensuite), une activité physique intense (sport, tendance à marcher très vite, à se mettre à courir sans raison, parfois à se mettre en colère physiquement sans raison pour évacuer la tension), un manque de patience et une pression à l'action (avec tendance à organiser et à prendre la tête des groupes). Mais aussi par une tendance compulsive et nerveuse à la parole et à la discussion, aux actions impulsives, aux habitudes nerveuses et aux TOCs, à l'insomnie ou à se coucher tard, à l'hyperactivité et à la difficulté de se concentrer longtemps (TDA/H : trouble de l'attention, hyperactivité). 

Attention toutefois, pas d'amalgames : tous les surdoués ne sont pas atteint de ceci, et tous les gens hyperstimulables ne sont pas surdoués. C'est simplement (malheureusement) mon cas. 
Autant vous dire que je ne vis pas et je ne perçois pas le monde comme quelqu'un d'autre. Ajoutez à ceci ma cyclothymie et mes diverses phobies, et je peux vous assurer qu'une simple journée routinière contient pour moi de nombreux obstacles. Je ne demande pas de comprendre, simplement de ne pas juger. 
Je ne me plains pas, il y a pire que moi et je le sais. Simplement, ceci explique cela, le monde extérieur est pour moi extrêmement pregnant et difficile à affronter, mais il est ma seule échappatoire au questionnement que je subis (en quelque sorte) constamment. Bien sûr, je ne peux pas en un seul article faire le tour de ma tête. Tu n'es pas mon psy, internet. 

Et pour finir, j'aimerais simplement te laisser un petit passage d'un article sur l'une des théories de Dabrowski, qui s'applique plutôt pas mal à mon cas, et surtout qui me donne un peu d'espoir. Et surtout, sois en certain, je ne suis ni heureuse ni fière d'être zèbre, mais c'est quelque chose que je vis au quotidien et que j'assume (maintenant), et ne t'inquiète pas, lecteur, je ne te soûlerai plus trop avec ça.

"Les surdoués exploitent et sont galvanisés par ce que Dabrowski appelle réalité théorique7). La réalité perçue par les sens (l'ici et maintenant de l'existence banale) n'est qu'une réalité (parmi d'autres). Les esprits exceptionnels accèdent naturellement à des niveaux plus puissants de fantasme, d'imagination et d'intuition. Dans ce milieu riche, ils résolvent des problèmes, découvrent de nouvelles perspectives et créent sur un niveau d'abstraction séparé du monde de la perception sensorielle directe. Pour ceux qui disposent de la sensibilité morale, d'immenses pouvoirs d'imagination, d'une riche vie affective, et d'un besoin absolu pour la recherche intellectuelle, cette réalité théorique est plus réelle, plus compréhensible et de plus d'importance que la réalité de la vie quotidienne. Dabrowski a écrit: « L'ajustement à ce “qui devrait être” est chez certains individus plus fort que leur ajustement à “ce qui est” ». Pour eux, le développement est modulé par l'interpénétration des expériences de désintégration et d'intégration, façonnant la fonction intellectuelle en la mettant en relation avec les émotions de plus haut niveau. Cela crée une structure intégrée de la conscience de haut niveau où la pensée et les ressentis s'associent et se co-déterminent. Une transformation de développement supplémentaire se produit lorsque l'intuition de haut niveau est activée et promue, créant une synthèse dynamique permanente de ce qui est directement ressenti de manière intuitive. Ce fonctionnement à plusieurs niveaux et cette dynamique de développement, bien que rare, est un processus évolutif naturel pour les individus surdoués."

mercredi 15 janvier 2014

L'être humain, ses mains, ses parties, son porno.

Je pense qu'il nous est tous déjà arrivé de regarder des images à caractère pornographique. Que ce soit sur internet, sur DVDs pour les plus accro, sur magazine pour les plus téméraires ou encore sur VHS pour ceux qui ont le plus d'expérience (je ne veux pas dire vieux, je ne trouve pas ça gentil ni respectueux). Si vous n'avez pas 16 ans, ou que vous avez plus mais que vous n'avez pas envie d'entendre parler de cela, surtout cliquez vite sur la petite croix en haut de l'onglet. Je ne vous en voudrai pas et nous pourrons continuer à faire comme si rien ne s'était passé, et notre relation restera inchangée et pure comme au premier jour.
Néanmoins, c'est en recherchant l'une de mes séquences de pornographie préférées (eh oui, ça existe) que j'ai réalisé le fossé présent entre les différents genres de porno, et entre certains d'entre eux et la réalité. 
Ce n'est pas un secret, l'industrie pornographique s'adresse en premier lieu aux hommes cis hétéros, de préférence occidentaux (même si pas que). Si vous ne le saviez pas (auquel cas je ne sais pas comment vous vivez votre vie sexuelle concrète, ou si vous n'êtes pas déjà mort de frustration et de l'impression d'être naze à côté de vos homologues "cinématographiques"), le porno n'est pas réaliste, loin, très loin de là. 
Heureusement pour nous, tous les femmes ne possèdent pas un corps en forme de sablier et des seins qui semblent ignorer les lois de la pesanteur, pas plus qu'un vagin et/ou un anus exstensible à l'infini. Nous n'avons pas tous une vulve lisse, fermée, bien rose et sans rien qui dépasse (moi la première), nous n'aimons pas toutes enfourner le pénis de notre partenaire (pour les hétérosexuelles, bisexuelles, pansexuelles ou sapiosexuelles parmi nous, bref toutes celles qui seraient amenées à s'ébattre follement avec une personne de sexe masculin, nécessairement consentante —et de préférence majeure, bien que j'aie un peu de mal à comprendre la loi à ce niveau : je suppose qu'il s'agit de la majorité sexuelle dont internet me dit qu'elle est fixée, en france, à 15 ans, et en général entre 15 et 18 ans en occident.) jusqu'à ce que celui-ci touche notre luette, ni nous faire prendre par huit mecs extrêmement bien membrés, ni nous faire frotter le clitoris comme on récure je ne sais quel objet. Certaines d'entre nous aiment certainement ça, d'autres non. Pas plus que, parmi celles qui préfèrent les filles, toutes n'aiment pas se faire prendre sauvagement avec un gode ceinture, s'enfoncer un talon aiguille dans leur intimité (j'ai réellement vu ça dans un film, je n'en suis toujours pas remise), ou qu'un homme s'invite à l'improviste durant leur petite partie de scrabble. M'y connaissant moins en ce qui concerne les garçons, qu'ils préférent les garçons ou les filles, je ne peux que supposer mais j'ose imaginer que ce n'est pas leur délire à tous que d'arroser le visage de leur partenaire de stupre, de leur prendre sauvagement les fesses, de les gifler en les traitant de petit(e) chien(ne) ou autres charmants noms d'oiseaux. Mais je peux me tromper. À vous, lecteurs de sexe masculin (que vous l'ayez eu de naissance ou que vous l'ayez adopté ensuite), ou même simplement de genre masculin, de me confirmer cela. 
Dans tous les cas, nous ne sommes pas tous comme les personnages de pornos, et heureusement (sinon il  n'y aurait pas assez de monstres à tentacules pour nous satisfaire tous). C'est normal d'avoir les petites lèvres du sexe qui dépassent, c'est normal d'avoir des vergetures, surtout après l'adolescence ou une grossesse pour les femmes (bien que les garçons ne soient pas épargnés par ces fameuses marques si sympathiques), c'est normal que nos seins aient tendance à s'enfuir sur les côtés quand nous sommes allongées, particulièrement s'ils ont un volume plutôt généreux, c'est normal de ne pas avoir un chibre de 30x5cm, d'avoir des poils, que parfois pendant les ébats chacun de son côté ait des appels d'air (parfois même entre les deux, entre nous c'est plus sympa d'en rire après ou pendant la suite de la fête que de se ronger les sangs dessus, d'autant qu'en général l'autre ne le remarque même pas), ou de ne pas avoir une coiffure parfaite et pas une goutte de sueur après l'acte. C'est normal
Le principe même des films non amateurs, c'est qu'ils sont réalisés, montés, truqués. Si vous ne tenez pas une heure avant d'éjaculer, ça n'a rien de grave. Si vous n'avez pas d'orgasme à chaque rapport, ça n'a rien de grave. Si vous mettez un coup de coude à l'autre en voulant changer maladroitement de position, ça n'a rien de grave et c'est même plutôt drôle (perso, étant une véritable petite savonnette, je passe mon temps à glisser d'un bout à l'autre du lit ou de n'importe quelle surface propice au sexe, en renversant tout sur mon passage de préférence), même si ça peut parfois faire mal. 
Ainsi donc, le porno n'est pas réaliste. C'est une chose qui est préparée, divisée en séquences, en scènes, souvent tournées sur plusieurs jours. Je ne dis pas que c'est mal d'en regarder. Seulement, n'oubliez pas ceci : le porno n'est pas la réalité, et personne, personne à part les cons ou les gens qui n'ont eu d'expérience qu'avec leur main ne peut vous demander de reproduire ceci. Et si c'est le cas, c'est à vous de les ramener dans le droit chemin en leur montrant que quand même, c'est mieux de le faire en vrai, parce que ben déjà c'est en vrai et ensuite c'est peut être moins parfait que du porno, mais au moins c'est authentique, maladroit, douloureux, touchant, et ça procure quand même souvent plus de plaisir à l'un comme à l'autre. 

Comme bonnes alternatives au porno destiné au mâle lambda, il peut être intéressant de regarder du côté des pornos féministes ou réalisés par des femmes (c'est parfois la même chose d'ailleurs). Oui, même vous messieurs, ça vous fera du bien de vous rappeler que vous n'êtes pas des machines et que si vous ne tenez pas deux heures par rapport, personne ne s'en plaindra (y'a peut être même des chances que ce soit le contraire, parce que oui, au bout d'un certain temps de pénétration l'autre aussi a mal. En tout cas je connais beaucoup de filles qui trouvent parfois le temps long. Donc en terme de temps, ne complexez pas, sauf si vous êtes réellement un éjaculateur précoce, auquel cas allez consulter un sexologue ou autre médecin spécialisé de ce genre de problème au lieu de ruminer vos angoisses). 
Personnellement, j'aime beaucoup Mia Engberg et toute sa clique, ainsi qu'Erika Lust (une réalisatrice suédoise qui a réalisé 5 hot stories for her (mais qui, j'en suis certaine, conviennent tout aussi bien aux mâles virils que vous êtes certainement, et qui contient (si mes souvenirs sont exacts) non seulement des scènes hétéro, homo masculin, mais aussi ce que je considère personnellement comme l'une des scènes de sexe lesbien les plus érotiques et excitantes qu'il m'aient été données de voir (c'est dans "Something About Nadia" si vous voulez absolument aller voir là tout de suite maintenant).

En tout cas, amusez vous. Tant que vous ne faites pas quelque chose d'illégal, ne vous posez pas de limite : faites ce que vous voulez avec des personnes qui vous respectent (sauf peut être dans le cas de jeux de rôles etc. mais bon vous faites bien ce que vous voulez), et surtout n'oubliez pas que le porno, c'est bien quand on est tranquillement seul sous sa couette en pyjama de pilou.

Et surtout, n'oubliez pas de vous protéger (avec les moyens adéquats et adaptés à votre situation : préservatif masculin ou féminin, pilule contraceptive, stérilet, abstinence, friendzone), et de vous faire dépister régulièrement. Certes la recherche de traitements et vaccins contre le SIDA avance, mais il ne faut pas crier victoire trop tôt. 

PS : oui, je suis passée au vouvoiement pour cet article un peu plus sérieux, et surtout pour que tu aies l'impression qu'une personne sensuelle et très chic te parle, possible lecteur. Ne t'inquiète pas, cette distance fictive entre nous sera rapidement balayée. Dès le prochain article, en fait.