lundi 10 mars 2014

Les sites de rencontre, le royaume de l'awkwardness virtuelle.

Un jour, lassée du hasard aléatoire des rencontres de la vraie vie, dégoûtée par les mauvaises expériences et effrayée de revivre une choses non contrôlée (bienvenue dans le monde des control freaks), je décide, malgré des années de résistance à la peer pressure, de m'inscrire sur un site de rencontre. Mais je ne veux pas faire ça n'importe comment. Loin de moi l'envie d'explorer les recoins sombres d'adopte un mec, de meetic, et encore moins envie de m'inscrire sur un site sectaire comme Geekmemore, quelque chose de résolument dangereux comme rencontre-macho (pourquoi pas rencontre-connard). Et envie de vomir à l'idée de m'aventurer sur des choses du style Attractive-world (le site pour les célibataires qui risquent de rester célibataires). Je ne suis pas une morte-la-faim, je refuse de m'afficher comme ayant besoin de quelqu'un. je me renseigne donc et on me conseille un site, censé être différent (assez différent, je suppose, réellement). Il s'agit, déjà, d'un site international. Premier bon point. je m'inscris et, hypocritement, coche que je recherche des "new friends". Je fais une description subjective de moi même, etc., et j'attends.
Rapidement arrivent les permiers individus. Ils font, pour certains un peu peur. Le fait d'être une fille sur ce genre de site t'expose en effet à une vague de messages, sympathiques pour certains, creepy pour d'autres, carrément flippants pour les derniers. Par exemple, une personne a priori normale engage une conversation à peu près normale, et soudain, d'un coup d'un seul, quand je dis en plaisantant que même si je voulais je ne pourrais pas l'héberger en France (j'aurais dû me douter déjà alors qu'il y avait quelque chose d'étrange), "oh, it's too bad, we could have had tons of fun if you're into humiliation and submissiveness". Perplexité, éclat de rire, puis peur. Je me dis qu'il s'agit sûrement d'une exception, d'une mésaventure. Environ une heure plus tard, quelqu'un d'autre "que dirais-tu d'un massage des pieds ?" je réponds que je ne suis pas très massage, et je me vois répondre "tu préfères la fellation ?" BON. Sans parler des gens qui me font peur au premier abord, avant même de leur parler réellement (oui, j'ai des a priori faciles sur les gens, surtout les hommes, c'est vrai, et je ne suis pas très contente de ça, j'essaie de changer, mais bon), ou des premières phrases complètement surréalistes. Enfin bref, beaucoup d'awkwardness, également en voyant qui visite mon profil quinze fois et ne s'adresse jamais à moi, les gens qui vivent à l'autre bout du monde et me pose des questions plus qu'intimes. Parmi tout ça, quelques garçons et filles intéressants, qui pour certains disparaissent au bout de quelques jours de conversation. On me propose un rendez vous. J'accepte, me disant qu'il faut bien faire de nouvelles rencontres, puis, finalement, n'étant pas relancée, je ne cherche pas à en savoir plus. 
Le garçon a vite abandonné devant mon enthousiasme mesuré. Comme beaucoup d'autres, il ne cherche jamais vraiment à se rendre intéressant. On dirait presque de l'intérêt parce qu'il faut bien envoyer des messages à des gens, puisqu'on est sur un site de rencontre. S'installe une sorte de routine. "hey, how are you ? i saw you are french, and i read your profile, you seem interesting, what about a little chat ?" puis quelques questions bateau, et en général, rapidement, la rédition. Je n'ai pas spécialement de motivation non plus, je n'engage la conversation moi-même qu'avec trois personnes, dont deux me répondent.
Un de ces quatres, je "rencontre" D., Londonien exilé à Paris. Sa manière d'engager la conversation me plaît, il semble un peu moins automatisé que les autres. Nous échangeons pendant deux semaines, avant qu'il me propose d'aller boire un café histoire de parler de manière un peu plus spontanée. Je me dégage de l'étau de mon awkwardness et accepte. Nous nous voyons une, deux, trois, quatre fois. Nous discutons, nous rions. Nous ne nous embrassons pas, pourtant il semble que nous sommes tous les deux plutôt attirés par l'autre. Mais ça ne semble pas juste. Ça ne semble pas naturel. Je devine que si nous nous étions rencontrés par hasard nous aurions sans doute eu plus de chances. Mais je sais déjà trop de choses sur lui, il sait déjà trop de choses sur moi. Et le hasard n'a pas eu sa chance. Être control freak n'a pas que des bons côtés, loin de là. Un jour, je reçois un message "Hey Birdy, ok so i really appreciate you, you are interesting, attractive, funny and all but... I don't know, it doesn't feel right. I don't think i'm able to commit with someone right now, i'm sorry but i don't think it's gonna work". Je ne suis pas surprise. Je réponds qu'il n'a pas à s'en faire, que je comprends parfaitement et que ça va aller, qu'il ne doit surtout pas s'en vouloir. Le soir même, sereine, je détruis mon compte. 
Non, vraiment, j'ai beau être control freak, j'ai beau détester ne pas avoir de prise sur le hasard, vraiment, les rencontres contrôlées et fabriquées, conventionnées, ce n'est vraiment pas pour moi.
Les sites de rencontre ne sont vraiment pas ma tasse de thé.

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